Lyon : des chercheurs font "parler" les oiseaux momifiés du musée des Confluences

Des scientifiques ont effectué une batterie d’analyses sur des momies d'oiseaux conservées au musée des Confluences de Lyon. Elles ont révélé que ces oiseaux étaient des oiseaux sauvages. Le résultat de ces recherches a été publié le 22 septembre 2020 dans la revue "Scientific Reports".

Des millions de momies d’ibis et de rapaces sacrifiés aux dieux égyptiens Horus, Rê ou Thot ont été découvertes dans les nécropoles de la vallée du Nil. Des momies déposées comme offrandes qui témoignent notamment d'une grande ferveur religieuse. Mais d'où provenaient ces animaux? Etaient-ils issus d’élevages à l’instar des chats, ou bien chassés? 

Momies d'ibis et de rapaces du Musée des Confluences

Des scientifiques du CNRS, de l'université Claude Bernard de Lyon et du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ont tenté de lever le voile sur la provenance de cette grande quantité d'oiseaux. Pour leur étude, ils ont examiné des momies d'oiseaux conservées par le Musée des Confluences. Le musée lyonnais possède une importante collection de momies animales. Elles sont préservées au Centre de conservation et d’étude des collections (CCEC), rue Bancel, dans le 7e arrondissement. 

Pour le conservateur Didier Berthet, chargé de collection et responsable d'inventaire au musée des Confluences, ce type d'études a un grand intérêt pour le musée lyonnais: "nous ne sommes pas un laboratoire de recherches mais nous accueillons des spécialistes qui vont étudier nos collections. Cela va permettre de documenter nos collections, de mieux les comprendre..."... et lorsque que l'étude est importante, elle peut aussi déboucher sur une exposition temporaire pour le Musée.

Des momies d'oiseaux sauvages...

Les chercheurs ont effectué une batterie d’analyses géochimiques sur ces momies. Lors de l'étude de minuscules fragments de plumes, d’os et de bandelettes d’embaumement ont été prélevés sur vingt momies d’ibis et de rapaces des collections du musée des Confluences. 
Les scientifiques ont notamment effectué des recherches sur la composition isotopique de ces restes de volatiles. Si ces oiseaux étaient issus d’élevage, leur alimentation aurait été homogène et d’origine locale.
Les tissus ont également été datés par la méthode carbone 14. Les compositions isotopiques de l’oxygène, du carbone, de l’azote, du soufre et du strontium ont été mesurées et comparées à celles de momies d’humains ayant vécu à la même époque.
Résultat: ces compositions isotopiques présentent une variabilité très importante et des signatures "exotiques" par rapport à celles des Égyptiens anciens, indique le CNRS dans un communiqué . Les oiseaux étudiés auraient donc vécu à l’état sauvage, migrant saisonnièrement hors de la vallée du Nil.

Pour le conservateur Didier Berthet, l'étude permet aussi d'en apprendre plus sur l'impact de l'Homme sur son environnement : "mieux comprendre comment vivait les Egyptiens anciens, les prélèvements qu'ils faisaient sur le milieu naturel"... 
Le résultat de cette récente étude, rejoint celui d’une étude génétique menée par une autre équipe de chercheurs et implique des pratiques de chasse et de capture d’oiseaux en masse. Des pratiques de chasse retrouvées sur certaines fresques de tombes. Elles ont probablement exercé une pression écologique très importante sur les populations d’oiseaux sauvages...
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