La communauté asiatique du quartier de la Guillotière (Lyon 7e) monte au créneau pour exprimer sa colère face à la délinquance montante dans leurs rues et sur la place Gabriel Péri. Ils demandent davantage d'autorité des pouvoirs publics.
C’est peu de le dire : les habitants de la Guillotière sont exaspérés. Après les associations de riverains, les membres de la communauté asiatique du quartier s’organisent à leur tour pour dénoncer cette situation de délinquance quasi-permanente qui touche la place Gabriel Péri et les rues adjacentes.
Depuis des mois, plus précisément la fin des confinements, la situation empire, estiment-ils. Les clients qui venaient faire leurs courses dans les supérettes asiatiques ou manger dans les restaurants du secteur, sont moins nombreux, constatent les commerçants. Ils trouvent, leur disent ces clients désormais absents, que la «Guille» est devenue dangereuse. «En sortant du restaurant, ils se font agresser. On a perdu environ 30 % de clients et d’habitués», se plaint David Le, gérant d'un supermarché. Dans la journée, le marché sauvage n’arrange pas les choses : beaucoup de tensions, des bagarres, sur fond de deal, ne peuvent que déplorer les riverains. Rien de propice à la vie commerçante locale.
Un sentiment d'abandon
Le sentiment d’abandon est sur toutes les lèvres. En particulier chez les membres de la petite communauté asiatique installée là depuis plusieurs décennies. Gérant d’un bar-restaurant depuis trois ans, Truong Quoc Thai préside aussi l'Association des chinois de Lyon. Il regrette le temps où la vie du quartier était paisible. «Ici, tout le monde se connaît, nous sommes nombreux à avoir grandi dans ces quelques rues comprises entre la rue de Marseille et les quais du Rhône. On aimait beaucoup, mais là, ce n’est plus vivable, on a peur pour nos enfants et nos parents, parfois âgés. Il y a quelques temps, l’une de mes tantes remontait les escaliers du métro, elle s’est fait arracher ses sacs de courses et son collier, elle s’est fait frapper. Elle en a eu pour trois jours d’hôpital !»
En semaine, les week-ends, les temps morts n’existent pas dans cette partie de la «Guille». Les agressions sont monnaie courante, parfois sur fond d’alcoolémie. Les vols à l’arrachée tristement coutumiers. Les incivilités glissent vers des faits plus graves. «Les vendredis ou samedis soir, à partir de 22 heures, il n’est pas rare qu’au cours de bagarres, on sorte des armes blanches. Parfois, c’est même un coup de feu…», s’inquiète un restaurateur qui veut conserver l'anonymat. Certains matins, les commerçants se rendraient à leur boutique la peur au ventre.
Ils en appellent aux pouvoirs publics
Ce qu'il faudrait selon eux ? Davantage de présence policière, davantage de caméras de surveillance, plus de lumière la nuit, telles sont les demandes de la communauté. «Ce serait bien que les pouvoirs publics bougent pour le quartier, s’insurge David Le. Le pire, c’est que tout le monde sait ce qui se passe, on a le sentiment, franchement, que rien n’avance !» Alors certains se demandent s’ils ne vont pas plier bagage. Pourtant, ils n’ont pas envie de partir, parce qu'ils disent aimer ce quartier pour son côté très vivant, si riche de son melting-pot culturel. Truong Quoc Thai veut bien continuer d’y croire. Mais pour protéger ses enfants, il se dit peut-être obligé d’y réfléchir. Un crève-cœur pour une bonne partie des familles qui travaillent ici.