A la Guillotière, les commerçants ont manifesté ce jeudi après-midi, le 21 octobre pour dénoncer l’insécurité croissante du quartier. Ils demandent aux élus lyonnais des actions concrètes.
Insécurité, trafics, incivilités, agressions. Pour protester contre tout cela, ils ont fermé boutique. Une centaine de commerçants et de riverains de la Guillotière ont manifesté cet après-midi pour raconter une situation « qui empire » et dénoncer l’inertie des élus locaux. Depuis plusieurs jours déjà, l’affichette annonçait la couleur en vitrine : « Commerçants abandonnés ! On veut des actes ». C’est avec les mêmes mots qu’ils ont parcouru, depuis la place Victor Basch, les rues du quartier.
« Ras-le bol général »
« C’est un cri du cœur pour dire qu’on aime ce quartier et qu’on veut le retrouver comme il était avant, c’est-à-dire attractif, paisible, dynamique, avec des commerces qui fonctionnent, qui ont le sourire, qui accueillent les clients et qui ne soient pas entravés quotidiennement par la violence et l’insécurité », explique Bruno Dupuis, le vice-président de l’association des commerçants du cours Gambetta, à l’initiative de cette manifestation.
« On demande le minimum, c’est-à-dire de pouvoir exercer notre activité de commerçant, ce qui n’est plus possible et on vous passe les problèmes de drogue, les problèmes d’hygiène, le seul moyen qu’on a trouvé, c’est donc de manifester », ajoute Mohamed Ainine, commerçant dans le quartier.
S’ils dénoncent ce climat depuis longtemps, c’est la première fois que les commerçants battent le pavé côte à côte. « Moi je suis dans le quartier depuis 13 ans, on n’a jamais été dans cette situation, on n’arrive même pas à travailler, à bouger. On perd nos clients, tous les étudiants qui vont à la fac ne passent plus par ici. On n’arrive même pas à recruter, dans ces conditions, qui voulez-vous qui vienne travailler ici ? », raconte un boulanger.
Trafics de stupéfiants et de cigarettes, vols, prostitution… 800 interpellations dans le quartier depuis le mois de janvier dans le quartier. « C’est difficile, raconte une Nathalie Balmat, qui habite là depuis 29 ans. On n’a jamais de répit, jamais de repos, tous les jours il se passe quelque chose». Et d’ajouter :
J’ai décidé de ne pas avoir peur, mais malgré tout, je me rends compte que j’ai des stratégies d’évitement, il n’y a des endroits où je ne vais à partir d’une certaine heure, ou toute seule, j’ai adapté mon comportement
Nathalie Balmat
« On veut des moyens »
Depuis un an, la préfecture a accru la fréquence des opérations policières. « La police est là, elle fait ce qu’elle peut, mais ce n'est pas suffisant, c’est plus vivable, et un jour il va y avoir de très gros problèmes, il y a déjà eu des fusillades et des morts, on ne nous écoute pas », se désole Mohamed Ainine. « Il n'y a pas qu'une réponse sécuritaire à apporte, il y a des problèmes sociaux, des problèmes migratoires, des problèmes d'urbanisme et donc le problème n'est pas apparu en un jour et il ne se réglera pas par un coup de baguette magique » rétorque Ivan Bouchier, préfet délégué pour la défense et à la sécurité.
La municipalité écologiste, elle, met l'accent sur la vidéosurveillance. De janvier à mai, elle a aussi organisé des ateliers participatifs qui ont débouché sur plusieurs propositions visant à "apaiser" le quartier. Sont envisagés la création d'espaces piétons et cyclables, ainsi que d'un marché de type brocante afin de "légaliser" les activités des vendeurs à la sauvette. « Il faut qu’ils nous entendent, il faut qu’ils nous écoutent, et surtout, il faut qu’ils agissent, arrêtez les concertations, arrêtez les petits coups de crayon, ce n’est pas ça qu’on veut », ajoute Julien Deschamps.
Riverains et commerçants ne comptent pas s'arrêter là. Ils l'ont annoncé : d'autres manifestations seront organisées dans les semaines à venir.