Le journal "Le Progrès", rattrapé par l'érosion de son lectorat, est contraint à un important plan social qui prévoit 110 suppressions d'emploi. La rédaction va privilégier l'information en ligne, proposer des rendez-vous "web", des formats nouveaux pour répondre à de nouvelles habitudes de lecture.
Tous en parlent comme d'une véritable révolution culturelle au sein du "Progrès", souvent avec appréhension. Mais avec néanmoins le sentiment que ce "virage numérique" s'impose comme une évidence, voire même comme une question de survie. Au sein du journal, on perçoit l'inquiétude mais en même temps une envie nouvelle. L'envie de travailler l'information autrement qu'on l'a toujours fait ici, d'abord pour le journal papier, avec ses heures de bouclage et ses contraintes de fabrication.
"Le Progrès" est confronté, comme tous les journaux, à une érosion de son lectorat traditionnel et surtout à une évolution des habitudes de lecture. Les abonnés se font plus rares et le lecteur dispose maintenant sur internet d'un accès réactualisé en permanence. Le modèle économique doit s'inverser et c'est donc maintenant le numérique qui doit prévaloir sur "le print", la publication papier en perte de vitesse. Si "Le Progrès" est déjà très présent sur internet, il entend bien aborder l'actualité sous un autre angle, fort de nouvelles ambitions sur l’information en ligne.
Un format web comme une grille "radio"
Le journal va donc procéder à des changements structurels d'importance qui justifient un plan social : 110 départs, dont 70 suppressions d'emplois compensées par l'embauche de 40 journalistes. La direction souhaite en effet bouleverser fondamentalement l'approche éditoriale et s'inspirer d'une grille de programmes "radio". Il y aura donc des temps forts dans l'information sur le web, notamment le matin et le soir, selon un rythme calqué sur le mode de vie des "actifs", cible désignée de ces.contenus nouveaux.
Les générations nouvelles consultent l'information sur écran, tablette numérique ou ordinateur. Elles veulent disposer en temps réel de l'actualité du moment. L' information sera nécessairement payante . Le journal parie en effet sur de nouveaux usages. Il se propose d'innover en la matière en expérimentant de nouvelles formes d'abonnement.
Après quatre mois de négociations avec les partenaires sociaux , le projet "Digital fist" a été validé jeudi par le comité central d'entreprise. Le plan social a été signé par la CGT , la CFDT et le Syndicat national des journalistes (SNJ). Le syndicat CFE-CGC s'est abstenu, inquiet du reclassement des pigistes. La nécessité du changement ici, ne fait plus vraiment débat. Pas question de disparaître.
Le reportage de Valérie Benais et Laure Crozat :