Les encadrants du Lycée Hector Guimard à Lyon sont inquiets de de la potentielle suppression du poste de proviseur-adjoint de leur établissement qui propose des formations rares. L'académie affirme que le poste sera maintenu à la rentrée 2021.
"Les équipes enseignantes et non-enseignantes sont inquiètes" affirme Barbara David, conseillère principale d'éducation (CPE) au Lycée polyvalent Hector Guimard de Lyon dans le Rhône. Pour cause, l'établissement s'est vu notifier la potentielle suppression de son poste de proviseur-adjoint au départ de l'actuelle détentrice du poste. Cette dernière est actuellement en fin de mandat et en demande de mutation.
"Nous sommes très inquiets car nous sommes un établissement complexe, proposant de nombreuses formations rares et demandant un effort d'organisation conséquent", explique la CPE. "Nous accueillons une filière de troisième prépa métiers, un CAP, sept baccalauréats professionnels, trois BTS et une licence professionnelle accessibles par voie scolaire et par apprentissage. Nous assurons aussi une formation de baccalauréat professionnel MEI par apprentissage." décrit-elle.
Un public difficile
Une offre de formation large et complexe, qui nécessite une équipe d'encadrement conséquente selon Barbara David. Elle ne porte pas le message seule mais représente l'ensemble du personnel de l'établissement. "D'autant plus que nous sommes sur des filières peu attractives, avec des élèves qui arrivent chez nous souvent par défaut, parfois en décrochage scolaire. C'est un public difficile qu'il faut aller chercher et encadrer. Avec ce poste en moins, c'est le climat scolaire et la qualité de la formation qui sont en périls", explique-t-elle.
Une situation qui inquiète également les partenaires historiques du lycée. Parmi eux, la Fédération des Industries mécaniques qui a été reçue par l'inspection académique pour exprimer ses inquiétudes. "Le lycée Guimard est le seul du grand quart sud-est à proposer des formations de fonderie par exemple. C'est une filière très rare", explique Christine Clémendot, sa déléguée régionale.
"Les entreprises s'arrachent les diplômés et 120 d'entre elles dépendent principalement de cet établissement"
Elle explique qu'environ 250 élèves sont diplômés par an aux métiers de la forge et de la fonderie, et la demande est de 1200 à 1300 embauches par an. Il existe donc un déficit de demande conséquent. Dès lors, les entreprises s'investissent beaucoup dans les projets pédagogiques des rares lycées proposants ces formations. "Avec le poste de proviseur-adjoint en moins, ce sont moins de projets qui pourront être encadrés et menés au sein du Lycée Guimard. C'est donc une grosse source d'inquiétude pour nous" explique Christine Clémendot.
Le lycée déclassé en catégorie 2
Selon les équipes du lycée, le lycée a été déclassé en catégorie 2 du fait de leur nombre d'élève (371 contre 420 minimums pour la catégorie supérieure). Du fait de ce déclassement, il perdrait leur poste de proviseur-adjoint. C'est l'Education Nationale qui établit les critères de ce classement. Sont pris en compte le nombre d'élèves, que le lycée soit général ou professionnel, qu'il y ait un internat et de la formation supérieure ou non. L'inspecteur a la charge d'établir le classement dans son académie.
Ces critères ne sont pas nouveaux. Guy Charlot, l'inspecteur académique de Lyon, explique ne pas savoir pourquoi ce déclassement n'a pas eu lieu plus tôt. Il précise néanmoins qu'il concerne uniquement la rémunération de l'équipe dirigeante. "L'ouverture ou la fermeture d'un poste de direction dépend du nombre d'élèves et des spécificités des formations proposées", explique-t-il.
Pas de suppression de poste pour 2021
L'inspecteur académique du Rhône l'assure également, aucune suppression de poste n'est à prévoir pour la rentrée 2021. "Que des mutations soient accordées ou pas, il est prévu une équipe de direction de deux personnes au Lycée Guimard pour la rentrée 2021".
Il explique néanmoins que le rectorat travaille sur la réorganisation d'une nouvelle cartographie des moyens alloués aux directions sur l'ensemble des établissements de l'académie. En cause "une forte augmentation du nombre d'élèves qui justifie la nécessité de faire de nouveaux arbitrages afin que la répartition soit la plus juste possible".
Les travaux étant en cours, Guy Charlot dit ne pas savoir si le Lycée Guimard perdra ou non son poste d'adjoint en 2022. "L'objectif reste de donner de la visibilité aux chefs d'établissement d'ici le dernier trimestre 2021", promet-il.