Un nouveau centre de rétention pour les personnes en attente d'expulsion a ouvert à Lyon. Une manifestation a dénoncé l'ouverture de ce centre, lundi 17 janvier.
A Lyon, le centre de rétention de personnes en situation irrégulière s'agrandit. Un nouveau site a ouvert lundi 17 janvier, doté de 140 places. Des collectifs dénoncent la logique d'enfermement associée à ce type de centres.
Doublement des capacités
Le nouveau centre a pour vocation d'accueillir davantage de personnes en attente d'expulsion du territoire français. En s'ajoutant au centre déjà existant, sur le site de l'aéroport Lyon Saint Exupéry, il permettra de doubler les capacités de rétentions administratives. “Les policiers bénéficieront d’une sécurité accrue et les retenus de meilleures conditions de rétention”, assure la préfecture de région Auvergne Rhône-Alpes et du Rhône sur son compte Twitter. L'ancien centre sera "progressivement réhabilité", précise la préfecture. A terme, le site, unique dans la région Auvergne Rhône-Alpes, sera donc composé des deux centres, pour atteindre une capacité totale de 280 places. Il deviendra l'un des plus importants parmi les 25 sites de France dédiés à l'enfermement provisoire de personnes présentes irrégulièrement sur le sol français.
Des collectifs se mobilisent
Alors que le transfert des personnes retenues commençait, lundi, pour les conduire vers le nouveau centre (CRA), un groupe d'une trentaine de personnes manifestait à proximité du site. Ils répondaient à un appel informel relayé sur des plateformes internet, notamment par le collectif anti-CRA. Les manifestants brandissaient des fumigènes et réclamaient la fermeture des centres de rétention. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on distingue l'un des cars transportant les personnes en rétention, encadré de nombreuses forces de police. "On est simplement venu les soutenir", explique un manifestant que nous avons contacté. "Cette ouverture constitue un élément de plus dans la répression à l’égard des personnes considérées comme sans-papiers", selon des militants anti-CRA.
Conditions sanitaires inadaptées
Il faut dire que les conditions de rétentions dans l'ancien centre, situé quelques centaines de mètres plus loin, ont été dénoncées à de multiples reprises ces dernières années, et d'autant plus avec l'apparition de la pandémie de Covid. En 2020, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Lyon demandait à la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes de suspendre les placements au Centre de rétention de Lyon-Saint Exupéry, évoquant une "situation sanitaire alarmante". Des personnalités publiques, comme le sénateur EELV Thomas Dossus, sont venues sur place, en 2020 notamment, constater les conditions de rétention. Enfin, en décembre 2021, des retenus du CRA de Lyon ont entamé une grève de la faim de plusieurs jours pour dénoncer les conditions sanitaires et l'impossibilité, pour eux, de se protéger du virus. La préfecture assurait avoir "assuré la sécurité de tous". L'ancien centre, qui s'étendait notamment sur l'espace d'un ancien hôtel, n'apportait pas les conditions de rétention efficientes. Si le centre n'était pas en situation de saturation selon les autorités, des retenus évoquaient l'absence de chauffage, l'insalubrité chronique des sanitaires et la promiscuité notamment.
Des "zones d'attente aux frontières"
Face à l'augmentation des flux migratoires et dans le cadre des politiques de retour mises en place pour les personnes en situation d'Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) notamment, les capacités de rétentions françaises sont très sollicitées. En quatre ans, la France a doublé le nombre de places en Centres de Rétention Administrative. A ce titre, dans une tribune publiée lundi sur le site internet du journal Libération, un collectif d’associatifs, d’intellectuels et de personnalités appelle à fermer ces "zones d’attente aux frontières". L’Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) estime que "par leurs pratiques, les autorités françaises violent quotidiennement les droits fondamentaux au nom d’une obsession de l’enfermement." Lyon est la deuxième ville de France en terme de nombre de rétentions après Paris, qui compte cinq centres de ce type. Sur les réseaux militants, un appel à manifestation contre les CRA et la politique migratoire est évoquée pour le 12 février prochain dans le quartier de la Guillotière.