Ils entament une grève de la faim depuis trois jours pour dénoncer des conditions d'enfermement indignes et les risques de contaminations avec l'épidémie de Covid-19. Le sénateur écologiste du Rhône Thomas Dossus a voulu constater cela par lui-même.
"Ils sont 120" annonce le policier qui accueille Thomas Dossus, sénateur du Rhône, venu visiter le centre de rétention administrative de Lyon Saint-Exupéry. Sur le papier, ce centre peut accueillir 140 migrants mais avec l'épidémie de Covid-19, les conditions de rétention semblent insuffisantes.
Le policier continue sa visite. "Ici c'est la zone tampon pour les arrivants. Nous appliquons un protocole sanitaire des HCL (Hospices civils de Lyon). Ils sont retenus pendant 7 jours et sont testés PCR. A J+7 on s'assure qu'ils ne sont pas contagieux."
Après cette présentation, le sénateur fait face aux retenus. Dans cet ancien hôtel Formule 1, ils dénoncent pêle-mêle l'absence de chauffage ou de portes donnant sur le couloir dans certaines chambres ou encore l'insalubrité des sanitaires. Ici, les retenus dorment à quatre ou deux par chambre. Seules 3 chambres sont dédiées à l'isolement.
Le sénateur ne peut que constater la promiscuité dans laquelle sont enfermés les retenus en quarantaine. En 2020, près de la moitié d'entre eux restaient moins de sept jours dans le centre. La zone tampon ne se vide donc jamais. Alors ce que les retenus craignent avant tout, c'est d'être contaminés. Certains d'entre eux entament d'ailleurs une grève de la faim depuis trois jours.
"Il faut arrêter d'envoyer des gens dans ce centre, estime le sénateur Thomas Dossus. Il y a des problèmes diplomatiques. Le Maroc arrête les rapatriements et l'Algérie ferme aussi ses frontières. Certains retenus sont ici sans savoir s'ils vont repartir ou être remis en liberté en lien avec ces circonstances diplomatiques. Il faut faire baisser le nombre de retenus à l'intérieur. Cela a été possible lors de la première vague. Les préfets doivent arrêter cette politique du chiffre."
En 2020, 1150 personnes ont été retenues au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry, soit une diminution de 20,3% selon la Cimade. D'après l'association, "suite aux annonces de mars 2020 de la fermeture des frontières et en l'absence de perspectives d'éloignement, les juges judiciaires ont fait droit aux demandes de mainlevée de la rétention introduites par les personnes et ont logiquement ordonné leur remise en liberté."
La capacité d'enfermement doit être doublée en 2022 à Lyon Saint-Exupéry, avec la construction d'un nouveau centre de rétention administrative.