Ce lundi 3 décembre, le procès de l'affaire Levothyrox se déroulait à Lyon. Il s'agit d'un médicament fabriqué par les laboratoires Merck dont la nouvelle formule est mise en cause par 4113 malades atteints de troubles de la thyroïde.Plus de 300 personnes étaient attendues à l'audience.
Dans l'affaire du Levothyrox examinée ce lundi à Lyon, les plaignants estiment avoir été des cobayes car ils n'ont pas été prévenus du changement de formule de leur médicament. Y a-t-il eu un défaut d'information de la part du laboratoire Merck ? C'est la question au coeur du procès. Pendant trois heures, l'avocat du géant allemand a détaillé toute la communication du groupe mise en place à l'époque concernant la nouvelle formule du Lévothyrox. D'après la défense du groupe Merck, seuls 804 dossiers de patients sur les 4113 sont recevables pour une expertise médicale. Une étape destinée à établir le lien de cause à effet, sans lequel aucune indemnisation n'est possible.
Le Tribunal d'instance de Lyon rendra le 5 mars sa décision. Les plaignants, qui demandent chacune 10 000 euros d'indemnisation.
Ce lundi matin, l'audience devant le tribunal d'Instance de Lyon a commencé par une "exception d'incompétence" soulevée par un des avocats de Merck, Me Robert.
Une action au civil à Lyon contre Merck pour "défaut d'information"
Le Levothyrox, médicament de Merck est ce lundi 3 décembre au coeur d'un procès hors normes intenté au civil par 4113 plaignants qui accusent le groupe pharmaceutique allemand d'un "défaut d'information" sur une nouvelle formule ayant selon eux causé de nombreux effets indésirables.
Mise sur le marché au printemps 2017, une nouvelle formule du Levothyrox, prescrit contre l'hypothyroïdie et fabriqué par le laboratoire Merck Serono, filiale du groupe allemand, est incriminée par quelque 31000 patients, qui évoquent des effets secondaires tels que la fatigue, des maux de tête, des crampes, des insomnies, des vertiges, des chutes de cheveux... etc. Le but de cette nouvelle formule utilisant le même principe actif, la lévothyroxine, mais avec de nouveaux excipients, était de rendre sa concentration plus stable, élément crucial pour son efficacité.
L'affaire fait l'objet de plusieurs procédures, dont une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du TGI de Marseille. Le Levothyrox nouvelle formule fait aussi l'objet de cette action civile à Lyon, siège français du géant Merck, lancée le 24 octobre dernier pour "défaut d'information" et "préjudice d'angoisse".
"Merck a-t-il manqué à son devoir d'information ? Non, nous sommes catégoriques", a martelé le directeur juridique du groupe pharmaceutique Florent Bensadoun.
Face au géant Merck : 4113 patients parties civiles
Le procès est hors norme. Près de 300 d'entre eux sont attendus à l'audience qui se tiendra dans une salle spécialement louée pour l'occasion, le Double Mixte, à Villeurbanne, près de Lyon.Parmi eux : Ambre, âgée de 17 ans. C'est la plus jeune des 4113 patients. La lycéenne est née avec une hypothyroïdie. La nouvelle formule du Levothyrox a bouleversé sa vie. Elle dormait jusqu'à 17 heures par jour. Pour Michèle, plaignante de 72 ans, ce sont des pertes d'équilibre et des tremblements qui ont affecté son quotidien.
A la veille de l'audience
A Toulouse, en novembre dernier, le Tribunal de Grande Instance a ordonné des expertises détaillées pour 48 cas afin de se prononcer sur la responsabilité de Merck. C'est ce même tribunal qui avait obligé l'année dernière le laboratoire à fournir encore l'ancienne formule au grand soulagement d'un collectif de patients. Le lévothyrox ancienne formule ne devait être disponible que jusqu'à la fin de l'année, mais vu la demande, la justice a demandé qu'il soit encore fabriqué en 2019.
La formule contestée doit être déployée dans 21 pays de l'UE à partir de 2019.