Des salariés de General Electric à Villeurbanne, dans la métropole de Lyon, qui craignent une restructuration, vont attaquer le groupe américain aux États-Unis pour ne pas avoir tenu ses promesses sur l'emploi, a annoncé leur avocat ce mercredi 2 octobre.

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Ils veulent porter leur affaire jusqu'à l'autre bout du monde. Des salariés d'un site de General Electric à Villeurbanne, menacé d'une restructuration, vont attaquer le groupe en justice aux États-Unis. Selon leur avocat, qui a annoncé les poursuites ce mercredi 2 octobre,  ils plaideront le non respect des engagements du groupe lors de son rachat de la branche Energie d'Alstom, en 2014.
           
 

Des licenciements en perspective


Cette plainte en nom collectif ("class action"), qui réunit actuellement une quarantaine de salariés, sera lancée "la semaine prochaine" à New York, a précisé Maître Fiodor Rilov, en marge d'une réunion de négociations entre direction et syndicats sur la restructuration en cours. Celle-ci prévoit, à l'été 2020, le transfert de l'activité montage de disjoncteurs haute tension, qui emploie la moitié des 500 salariés du site de Villeurbanne, vers celui d'Aix-les-Bains (Savoie). Le personnel et ses représentants redoutent des licenciements au passage. "On pense que la direction a un plan à étapes et que demain ce seront les services clients qui seront touchés", indique Serge Paolozzi, délégué central CGT.

 

GE avait promis des embauches


Lors du rachat du pôle énergie d'Alstom en 2014, General Electric s'était engagé à créer 1 000 emplois nets en France avant la fin 2018. Selon Bercy, le compteur s'est arrêté à seulement... 25 ! Une clause prévoyait, en cas de non respect de son engagement, que GE abonde un fonds de réindustrialisation à hauteur de 50 millions d'euros à la France, qui bénéficie au site de Belfort. Mais pour Maître Rilov, cette "amende" équivaudrait, pour le groupe américain qui pèse des dizaines de milliards de dollars, à "une blague". D'autre part, cette sanction prévoyait le non respect des engagements sur les embauches, mais pas des suppressions de postes. "Les 50 millions ne changent rien aux engagements pris en 2014, qui conditionnaient la validation de la reprise des actifs. Chaque salarié en poste à l'époque pouvait légitimement considérer, a minima, que son emploi était garanti du fait de ces engagements".

 

David contre Goliath ?


L'avocat espère convaincre la justice américaine de contraindre GE à tenir ses engagements, en commençant par renoncer à ses restructurations en cours. Fin mai, GE a annoncé la suppression de plus de 1 000 postes en France, dont 800 sur le site de production de turbines à gaz à Belfort. Reste la question de la compétence du juge américain dans cette affaire, que la partie adverse ne manquera pas de soulever. "Ce n'est pas un numéro de claquettes; nous avons des arguments solides à faire valoir", a assuré Maître Rilov, impliqué dans de nombreux conflits sociaux (Ascoval, Whirpool, Continental, Samsonite), à quelques dizaines de salariés rassemblés devant le site de Villeurbanne. Tandis que des responsables syndicaux les invitaient à agir aussi par eux-mêmes et à ne pas se bercer d'illusions sur l'issue de la procédure.

 

L'extravagante affaire Alstom-GE


Ces prochaines poursuites judiciaires interviennent alors que l'entreprise américaine General Electric fait déjà l'objet d'une enquête du Parquet National Financier  suite aux conditions rocambolesques du rachat de la branche énergie d'Alstom, en 2014. Des soupçons de corruption pèsent sur des hauts fonctionnaires français ayant facilité l'opération, alors que l'entreprise renfermait des secrets stratégiques pour l'état français (turbines pour centrales et sous marins nucléaires). Par ailleurs, l'opération avait été annoncée soudainement par le président d'Alstom, Patrick Kron, sous pression alors que son adjoint, Frédéric Pierucci, était emprisonné aux USA, pour des faits de corruptions. Enfin, l'achat intervenait alors que, pour ces mêmes faits de corruption antérieure, Alstom faisait l'objet d'une amende - record - de 772 millions de dollars par la justice "extra-territoriale" américaine, sur la base d'informations issues des renseignements américains. 

 
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