"Nous ne sommes pas face à un virus extrêmement dangereux"... Le professeur Bruno Lina, est virologue et membre du Centre International de Recherche en Infectiologie, basé à Lyon. Il répond à nos questions sur le risque que représente le nouveau coronavirus apparu en Chine.
Le professeur Lina fait référence en France pour ce qui concerne les maladies virales. Il est fréquemment consulté à propos des épidémies de grippe et fut en première ligne lors des pandémies de grippes aviaires. Une expertise qui en fait un interlocuteur incontournable alors qu'un nouveau virus vient de faire son apparition en Chine et que des cas commencent à être identifiés dans d'autres pays du monde.
Ce coronavirus était encore inconnu au mois de novembre, avant de faire son apparition dans la région de Wuhan et d'y faire des victimes. Cela a conduit les autorités chinoises à mettre deux villes en quarantaine ces dernières heures.
Que sait-on de ce virus ?
"Depuis son apparition", explique Bruno Lina, "le virus a été identifié, séquencé, cultivé. C'est un virus qui, génétiquement, ressemble beaucoup à celui du SRAS, qui avait été à l'origine d'une épidémie partie de la Chine, la aussi, en 2003. Mais la différence, c'est que, d'emblée, le SRAS induisait une mortalité très élevée, dans près de de 50% des cas."
"En comparant, poursuit le professeur, on voit tout de suite qu'on n'est pas du tout dans la même gamme de dangerosité. Ce virus a affecté 400 personnes et fait 9 décès. Au même stade, le SRAS, lui, avait déjà causé 200 décès pour 400 cas. De plus, la mortalité a été observée chez des personnes qui souffraient de maladies cardiaques ou respiratoires chroniques et qui étaient relativement âgées."
"On est donc face à un virus à transmission respiratoire qui provoque des infections pulmonaires graves, mais pas à un virus extêmement dangereux comme a pu l'être le SRAS.
Quels sont les risques en Europe ?
En dehors de la Chine, où plus de 500 personnes ont déjà été contaminées, des cas individuels confirmés ou suspects ont été identifiés dans d'autres pays d'Asie (Thaïlande, Japon, Corée du Sud, Taïwan, etc.). Un cas a également été signalé aux Etats-Unis tandis qu'un autre en Australie s'est révélé être une fausse alerte. Pour le moment, l'Europe n'est pas touchée, mais peut-elle y échapper ?"On est en présence d'un virus qui ne se transmet que par voie aérienne, d'humain à humain. On ne peut pas avoir de contagion par des objets qui viennent de Chine", répond le Pr B. Lina. "Cela ralentit donc la propagation de l'épidémie."
Il conclut : "Ce qu'il faudrait faire, aujourd'hui, pour parvenir à maîtriser et peut-être éteindre cette épidémie, c'est de répertorier tous les cas potentiels afin d'éviter qu'il y ait une chaîne de tansmission. Et puis, il faut identifier la source infectieuse - l'animal qui a transmis ce virus à l'homme - et l'éliminer afin de stopper complètement la circualtion du virus."