Dans un courrier adressé le 22 juin à M. Kabtane, et dont l'AFP a eu copie, le numéro deux des Républicains reconnaît que ce projet d'un Institut français de civilisation musulmane (IFCM) "s'inscrit dans la nécessité d'asseoir l'Islam de France dans une République apaisée, éclairée, assise sur les valeurs qui l'ont construite et ouverte sur d'autres cultures".
"Dans le contexte trouble" de l'actualité, l'élu, arabisant de formation, rend "hommage aux positions extrêmement claires, sans aucune forme d'ambiguïté" de M. Kabtane, qui porte ce projet de longue date, et à son "refus de voir quelques-uns dénaturer l'Islam". Mais, fait-il valoir à son "cher Kamel", "dans cet espace de la République, fragile et précieux, nous ne pouvons considérer que viennent s'immiscer de manière significative
des Etats étrangers par le biais du financement de l'IFCM".Et d'ajouter: "Il n'est pas souhaitable qu'un lien de dépendance puisse être de
nature à altérer votre autonomie dans la conduite de ce projet".
- 'Une décision politique'-
"Dans ce cadre, la région n'est pas en mesure de s'engager dans ce projet de financement", conclut M. Wauquiez, revenant ainsi sur un engagement de Jean-Jack Queyranne (PS) d'apporter 1 million d'euros, de même que l'Etat, la Ville de Lyon et la Métropole.Cette décision a été accueillie avec "amertume" par M. Kabtane.D'autant, assure-t-il, que le candidat Wauquiez, en campagne, lui "avait laissé
espérer" ce financement, en lui disant "tout le grand bien qu'il pensait du projet". Il dénonce une "décision politique". Pour lui, "on est en train de faire payer aux musulmans ce qui se passe en France et dans le monde".Le responsable musulman n'est pas moins amer à l'égard de M. Queyranne qui "avait eu tout le temps" de tenir sa promesse, mais "a manqué de courage politique", selon lui.
"Jusqu'au bout"
Dans l'entourage de Laurent Wauquiez, on justifie cette décision par le budget prévisionnel de 8,8 M EUR hors taxes présenté à la région par M. Kabtane, le 19 avril. Et qui prévoit un financement de l'Algérie et de l'Arabie Saoudite de 2 millions chacun.Ce budget "ne tenait pas compte des négociations avec les entreprises". Il "a baissé depuis à 8 M EUR TTC", assure à l'AFP M. Kabtane.Selon lui, si la Région avait tenu sa promesse, il n'aurait plus manqué qu'un million, la Grande mosquée apportant sur ses fonds propres (dons des fidèles et produit des certifications halal) deux autres millions."Les deux millions manquant, on va les chercher à l'extérieur! L'Algérie et l'Arabie
Saoudite soutiennent notre projet", ajoute-t-il.
"On mènera ce projet jusqu'au bout", assure-t-il encore, en précisant que les travaux de ce bâtiment de 2.700 m2 jouxtant la Grande mosquée, dans le 8e arrondissement de Lyon, ont débuté en mai. Il accueillera une salle d'exposition, une médiathèque et deux laboratoires de langue.
Lors du 20e anniversaire de la Grande mosquée de Lyon, en septembre 2014, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait apporté son soutien au projet. "La richesse de la civilisation musulmane doit être mieux connue et mieux diffusée en France", avait-il dit.