"Métropole autrement" : C'est le nom du groupe autonome que le maire socialiste de Villeurbanne va constituer au sein du Grand Lyon. Jean-Paul Bret veut obtenir de Gérard Collomb une gestion plus équilibrée de la future métropole. Une forme d'avertissement au moment où la présidence est en jeu...
Derrière ses lunettes cerclées vert pomme, Jean-Paul Bret ne cille pas d'un oeil. Au lendemain de sa réélection à la mairie de Villeurbanne et sorti victorieux d'une quadrangulaire très disputée, c'est un homme serein et déterminé. N'est-il pas le maire de la 20e ville de France, réélu haut la main avec 45 % des voix et conforté dans un troisième mandat alors que la vague bleue a balayé nombre d'élus de gauche ? Précisément, Villeurbanne occupera-t-elle bien la place qu'elle mérite dans la future métropole ? Jean-Paul Bret, qui sort renforcé du scrutin municipal, ne peut imaginer que sa ville soit encore davantage fondue dans l'entité lyonnaise...
Le maire socialiste annonce donc qu'il va constituer "Métropole autrement", un groupe politique autonome qui pèsera dans la gestion de la nouvelle communauté. Un groupe qui compte déjà 11 membres de droit, les élus communautaires socialistes et radicaux de Villeurbanne. Un groupe politique dont l'importance pourrait croître au gré des alliances et rassembler bien au delà des clivages politiques.
Le maire de Villeurbanne, 1er vice-président du grand Lyon, se défend d'en faire un cheval de bataille pour revendiquer la présidence de la métropole. Il ne s'agirait pour lui que de garantir une bonne gouvernance, " laquelle doit être moins polarisée sur les projets lyonnais pour prendre mieux en compte la diversité des territoires":
"Les choses doivent être davantage rééquilibrées, dit -il .Et Jean-Paul Bret de mettre en cause la façon dont Gérard Collomb a géré le Grand Lyon durant son deuxième mandat. "On a été moins bien traité" explique-t-il . Ainsi , par exemple, la modernisation de la ligne de bus C3 aurait -elle été retardée au profit de la nouvelle ligne de tramway pour desservir prioritairement le grand stade. Villeurbanne aurait ainsi souffert d'arbitrages politiques et pâti d'un certain "tropisme lyonnais".
Jean-Paul Bret voudrait donc que cette nouvelle métropole serve plus justement les ambitions de toute l'agglomération, "notamment à l'Est où, dit -il, les potentiels de développement sont forts". Il souhaite aussi que les investissements structurants profitent de la même façon à Villeurbanne, notamment pour l'aménagement des ses grands projets urbains et de ses nouveaux quartiers: "Grand-Clément, c'est notre Confluence à nous", dit-il fièrement.
Une critique à peine feutrée de la gouvernance "Lyono-centrée" de Gérard Collomb et qui pourrait trouver écho auprès d' élus d'autres communes lors de la désignation du Président ."La majorité est devenue plus incertaine" glisse-t-il malicieusement . Pas question pour autant de "se vendre ailleurs", prévient -il. Mais je ne souhaite pas non plus que la quête de soutiens ne se fasse au détriment de ceux qui comptent vraiment ". A l'heure des marchandages et des petits arrangements, le maire de Villeurbanne entend signifier qu'il ne saurait être tenu plus longtemps pour quantité négligeable.
L'interview de J.P.Bret réalisée par Isabelle Gonzalez et Pierre Lachaux :
