Métropole lyonnaise : Les artisans inquiets de devoir changer leurs utilitaires

La multiplication des zones à faible émission et la lutte contre la pollution ont fait prendre à l'exécutif écologiste de la Métropole  des mesures interdisant la circulation aux véhicules qui émettent trop de CO 2 et de particules fines. Les artisans sont également concernés. Ils sont inquiets. 

Alors que se profile le mois de janvier, les artisans ne cachent pas leur inquiétude de devoir se conformer aux restrictions de circulation des véhicules utilitaires qui ne seront pas affublés des vignettes autorisées pour rouler dans la Métropole lyonnaise. Un vrai casse-tête pour bon nombre d’artisans. Annoncée dans le courant de l’automne, la décision du président de la métropole de limiter la circulation aux véhicules qui porteront des vignettes Crit’Air 0, 1 et 2, ne lasse pas de s’interroger les dirigeants de petites entreprises sur leur devenir. Si le problème est déjà épineux pour certains propriétaires de véhicules particuliers, il est plus complexe pour les professionnels qui font du transport. Ou qui nécessitent de transporter du matériel, parfois lourd, qu’il s’agisse d’outils ou de matériels. Exemples : un cumulus, des radiateurs, du mobilier,  etc.

Vers un report de 6 mois

Dans ce contexte légèrement précipité, Bruno Bernard, le président (EELV) de la métropole lyonnaise reste bel et bien déterminé. Cette condition de circulation dans les zones à faible émission et autour, il y tient. Ce lundi 14 décembre, à l’occasion d’une séance plénière du conseil métropolitain, il a évoqué un report de six mois de la mesure. De quoi rassurer un peu du côté de la Capeb, qui fédère le monde de l’artisanat du bâtiment. Un signe politique qui leur apporte un peu d’oxygène.

Je rappelle que cette décision d’interdire les véhicules polluants a été prise à l’unanimité en janvier 2019 par le conseil métropolitain. Nous restons à l’écoute, mais la lutte contre la pollution qui fait 50 000 morts prématurées par an en France est une priorité. Il faut trouver des solutions soit de transports en commun, soit de véhicules propres. Pour les artisans, on a une aide de 5 000 euros pour les utilitaires, plus une aide à hauteur de 7 000 euros de l’Etat.

Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon

Si l’exécutif a prévu des dérogations pour certains secteurs où le cas changement de véhicules demande davantage de temps que la moyenne, les artisans ne voient pas comment ils vont pouvoir changer leur parc automobile. D’abord parce que « le marché propose encore très peu de modèles adaptés au travail des artisans », estime Stéphane Labrosse, le président de la Capeb 69. Peugeot, Fiat, Renault, Citroën proposent aujourd'hui des VU qui roulent désormais à l’électrique…

Au-delà des aides qui, ajoutées les unes aux autres (Etat et Métropole) qui peuvent totaliser jusqu’à 15 000 euros par véhicule, le doute tourne autour des bornes de rechargement. « Pas assez suffisantes ! », tente d’expliquer la confédération des artisans. Même si bon nombre d’entre-eux disposent de garages ou de lieux de stationnement pour les véhicules, à proximité des bureaux ou de l’entrepôt de la société…  Stéphane Labrosse considère qu’il est difficile de changer de parc alors qu’aucune réglementation ne l’impose au plan national.

Pas vraiment le bon moment, selon les artisans

Plus vraisemblable est le contexte dans lequel cet effort est demandé aux petites entreprises. Confrontées comme tout le monde au Covid, « les entreprises artisanales vont devoir beaucoup débourser en 2021, notamment les prêts garantis d’Etat », fait remarquer la Capeb. La situation avec les banques n’est pas au beau fixe non plus, selon Stéphane Labrosse : « les banques ne suivent pas et les carnets de commande sont à pour ainsi dire à plat, surtout du côté de la commande publique. » Le report depuis un an bientôt des projets BTP et immobilier n’arrange rien à l’affaire. Demeurent aussi beaucoup d’incertitude pour les investisseurs et les chefs d’entreprise. Bref, quand les entreprises sont en survie et ne voient pas l’avenir se dessiner clairement, ce n’est pas le moment de prendre des risques supplémentaires. Et de changer les véhicules Crit’Air 3, 4 et consorts dans la foulée.

Pourtant, la passe d’armes pourrait bien avoir lieu. Bruno Bernard l’a clairement énoncé : « nous ne reculerons pas pour sortir les véhicules polluants de l’agglomération, c’est une question de santé publique ! »

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