Pour protester contre le lancement des travaux du Canal Seine-Nord Europe, cinq militants écologistes ont symboliquement occupé des arbres à Compiègne pendant une journée et demie. Ils ont été évacués de force par la police ce 30 janvier.
Ils sont restés perchés un peu plus de 24 heures. Ce 30 janvier, cinq militants opposés au projet du canal Seine Nord-Europe ont été expulsés par les forces de l'ordre des arbres qu'ils occupaient symboliquement. L'emplacement de ce campement perché n'était pas dû au hasard : le bosquet se situe à quelques mètres de la société qui gère le canal, à proximité du port de plaisance.
Les militants écologistes devaient initialement être reçus dans la matinée par la préfecture, qui leur imposait de mettre un terme à leur occupation. Devant leur refus de descendre des arbres, la police est arrivée pour les évacuer, vers 12h20.
Perchés depuis la veille
Les "écureuils", comme ils se surnomment, avaient installé leur campement à la lumière des lampes torches vers minuit le 29 janvier, sur les quelques arbres qui jouxtent l'Oise le long du cours Guynemer.
"On se positionne contre [le canal Seine Nord, ndlr], à la fois pour des raisons écologiques, avec la destruction de la biodiversité et de partage de l'eau, mais aussi pour des raisons de gaspillage énorme d'argent public, confie Max, l'un de ces militants "écureuils". Il y aura très peu de retombées à attendre au niveau des emplois, et la diminution du trafic routier de camions est une fausse promesse."
Après une première visite pour leur demander de partir, le sous-préfet de Compiègne a convié les "écureuils" à une réunion en préfecture de l'Oise, à Beauvais. "Ce matin, cette réunion a finalement été décalée en sous-préfecture, et avec la condition que les "écureuils" descendent des arbres. Ce n'étaient pas les conditions initiales et cette réunion n'a pas eu lieu par la faute du préfet qui a refusé le débat démocratique," raconte Eliott, un autre militant.
Un projet colossal
Projet très ancien estimé à 10 milliards d’euros, le canal Seine-Nord Europe vise à améliorer la liaison entre les grands ports de la mer du Nord et la région parisienne. Il est soutenu par la municipalité de Compiègne, qui voyait d’un mauvais œil l’installation de ce campement d’écologistes sur sa commune.
"Il n'y a rien de plus écologique que le canal, parce qu'il est là pour éviter des camions sur les routes (...) et il jouera un rôle positif dans la lutte contre les inondations. Le canal a beaucoup d'impacts positifs sur le plan écologique," assure Philippe Marini, le maire (LR) de Compiègne.
"Sensibiliser" les Compiègnois
Les militants rassemblés autour du collectif Méga canal, non merci ! nuancent cette version. "Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens de la région qui ont eu un contre discours sur ce projet-là, constate Xavier, resté toute la nuit dans l'arbre. Nous, on essaie de donner des clés de compréhension de ce projet, en prenant du recul (...) de redonner la possibilité aux gens de reprendre la parole sur un projet qui est absolument gigantesque."
C'est un projet financé par de l'argent public et on estime que les citoyens méritent d'être informés de manière claire et neutre. (...) le but, c'est d'éviter tout dialogue qui se tiendrait fermé au débat public, on veut que les gens se réapproprient le projet.
Eliottmilitant écologiste écureuil
"On est là pour sensibiliser, poursuit Eliott. C'est pour ça qu'on est dans les arbres et qu'on ne gêne absolument personne. On peut parler avec les citoyens de Compiègne sans aucun souci pour l'ordre public, la circulation n'est pas bloquée."
Une réunion publique d’information organisée par les opposants se tient à partir de 18 heures ce 30 janvier dans un bar du centre-ville de Compiègne.