L'écologiste Bruno Bernard, qui a revendiqué dimanche 28 juin, la victoire à la métropole de Lyon, est un enfant du pays peu connu du grand public dont le profil atypique d'entrepreneur à succès mêlé à ses dons politiques lui valent une réputation de fin stratège.
Biberonné au socialisme mitterrandien, son père Roland fut sénateur du Rhône et patron du PS local, cet homme de 50 ans au regard matois a obtenu un diplôme de maths/physique sur le campus de la Doua à Villeurbanne, près de Lyon, où il habite toujours.
Il a d'abord naturellement milité dans les rangs du PS. "Ma mère, infirmière à la retraite, est toujours membre du parti", explique-t-il à l'AFP. Mais lors de la présidentielle de 1995, il est convaincu par le projet porté par Dominique Voynet. "Sur les sujets de société, d'accueil, je trouvais que les Verts étaient mieux". Il attendra toutefois 2002 pour adhérer au parti écologiste.
C'est en 2008 qu'il décroche son premier mandat à Villeurbanne dans une majorité socialiste avant de le perdre en 2014. Madré, l'homme au cheveu grisonnant va alors gravir dans l'ombre les échelons chez EELV, s'appuyant notamment sur ses qualités d'organisateur et sa bonne connaissance de la carte électorale.
Secrétaire régional du parti entre 2013 et 2016, Bruno Bernard est ensuite promu membre du bureau exécutif d'EELV, responsable des élections et des relations avec les autres partis. Tout en étant, avant le scrutin lyonnais, inconnu du grand public.
"C'est un énorme bosseur qui n'a pas forcément besoin d'être mis en avant personnellement. Il n'a pas d'ego monstrueux", confie un proche de la campagne, qui le décrit aussi comme "très franc et direct. Il aime être concis, ce qui le rend très efficace".
Sa nomination comme tête de liste à Lyon était "une évidence", note encore cet écologiste lyonnais. "En tant que secrétaire régional, il a géré parfaitement les affaires. Il a amené beaucoup de monde et il a l'habitude de parler avec les autres partis. On savait tous que c'était le profil idéal pour travailler avec tout le monde et maintenir une majorité" au Grand Lyon.Chef d'entreprise et homme politique
Pendant la campagne, Bruno Bernard s'est fait connaître en s'appuyant beaucoup sur les médias, dépassant peu à peu une élocution hésitante et un déficit de charisme que ses adversaires aiment railler en coulisses.Malgré le succès écologiste au premier tour, il a longtemps rechigné à se montrer aussi confiant que ses pairs, tels que l'eurodéputé Yannick Jadot, sur le succès électoral écologiste à venir, "si on décroche une autre grande ville, ce sera déjà une grande victoire", concédait-il en début de campagne.
Par son passé professionnel, Bruno Bernard présente un profil singulier au sein du parti écologiste, mais ce dernier assume son statut d'entrepreneur, "je n'ai aucun problème avec le business".
Il met d'ailleurs en avant son expérience pour se poser en interlocuteur crédible face au monde de l'entreprise, même s'il reconnaît des a priori à l'égard de son parti sur lesquels ses adversaires ont largement tenté de capitaliser pendant la campagne.
Désormais totalement dévoué à la politique, dont il n'a pas besoin pour vivre, Bruno Bernard a récemment passé les rênes de son entreprise spécialisée dans le désamiantage basée en région parisienne (25 salariés ; 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires).
Avant son élection, il partageait son temps entre la politique et sa casquette de "business angel". "J'aide à monter des affaires", dit-il "ça va d'un bar à bière "bobo-écolo" à Villeurbanne à la cave à vin de son frère.
Pas sûr que son élection à la tête de la puissante métropole lyonnaise lui laisse le loisir de continuer.
Grand amateur de football - il est fan inconditionnel de l'Olympique lyonnais, et de vin, "plutôt blanc et Bourgogne", Bruno Bernard est célibataire.