Mois des fiertés : "les insultes homophobes ne sont jamais banales" témoigne un élu du Rhône

Le mois des fiertés débute ce 1er juin pour visibiliser les personnes LGBTQIA+ et la lutte contre les actes discriminatoires à leur encontre. Et cela commence dès les insultes homophobes parfois jugées banales. Un élu du Rhône en a fait les frais.

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Yann Botrel, troisième adjoint en charge de la culture, du patrimoine et de la communication de la ville de Charly dans le Rhône, et son conjoint Renaud ont été victimes d’injures homophobes devant leur domicile de la part d'un jeune de 20 ans qui rentrait de soirée très tôt le matin du 22 octobre 2022, accompagné d'un groupe d'amis. 

Le couple porte plainte et le 16 mai dernier, le tribunal correctionnel de Lyon a rendu son délibéré en relaxant le prévenu, au bénéfice du doute, faute de preuve matérielle irréfutable. "Je ne suis pas surpris. On se doutait qu'il serait relaxé et on s'était préparés", confie Yann Botrel. L'ancien pompier, devenu homme politique, ne se sent pas frustré. Il s'est dit soutenu par le ministère public et les forces de l'ordre.

D'ailleurs, le couple ne pensait pas faire appel de la décision du tribunal. "On n'avait pas d'éléments nouveaux à apporter et on a déjà dépensé 4000 euros de frais pour cette histoire, et puis le gamin avait déjà été bien secoué par le procureur lors de l'audience", estime l'élu. Le procureur adjoint de la République de Lyon a annoncé avoir fait appel de la décision du tribunal. 

"Je pensais être épargné"

Aujourd'hui, Yann Botrel espère que celui qui l'a insulté a compris la leçon. "Je suis naïf, mais peut-être était-ce simplement de la bêtise. Dans ce cas, on a le droit à l'erreur mais c'est mieux de l'assumer". Yann Botrel et son conjoint regrettent en effet que le jeune homme ait continué de nier les faits devant les forces de l'ordre puis devant les magistrats.

Malgré tout, porter l'affaire devant la justice était une évidence. "Pour certains, insulter les gens de 'pédés' (sic) c'est anodin, mais nous refusons que ces injures se banalisent". Pour Yann comme pour Renaud, c'est la première fois qu'ils subissaient cette violence verbale. "J'ai attendu 45 ans pour vivre ça, je pensais que je serais épargné, mais je ne me laisserai pas insulter, et encore moins devant chez moi", confie l'homme politique qui a été soutenu par sa commune. 

Le couple demandait seulement 1€ de dommages et intérêts. Un symbole pour affirmer que "chaque délit homophobe doit être combattu". La date de l'audience d'appel n'a pas encore été fixée.

Jamais "que des mots"

"Sale pédé, sale gouine, ne sont pas de simples mots lancés au passage. Ce sont des agressions verbales qui marquent la conscience. Ce sont des traumatismes plus ou moins violemment ressentis sur l’instant, mais qui s’inscrivent dans la mémoire et dans le corps" écrit Didier Éribon dans son ouvrage Réflexions sur la question gay (1999). Le philosophe affirme que ces insultes ne sont jamais anodines. 

L'association SOS Homophobie va plus loin. Pour l'organisation de lutte contre les discriminations, les insultes ne sont que les prémices verbaux d'une violence qui deviendra physique. "Les discours discriminants, voire haineux, qui pointent certains groupes comme « anormaux », inacceptables dans la société, se traduisent toujours par des coups", rappelle l'association SOS Homophobie dans son rapport 2023 sur les actes discriminatoires contre les LGBTQIA+.

Les violences "lgbtophobes" seraient en hausse de 5%, notamment en raison de la fin de la pandémie, explique l'organisation et de la présence de la plateforme en ligne pour faciliter leur dénonciation. La haine en ligne reste le premier contexte où ont eu lieu ces violences (17% des cas relevés).

Dans le milieu scolaire, elles restent présentes, note l'association, bien que plus rares dans l'enseignement supérieur. À ce propos, des tags homophobes ont été retrouvés sur les murs de l'ENS de Lyon.

La loi punit de manière particulière les injures, la diffamation, la violence et la discrimination, lorsqu'elles sont basées sur l'orientation sexuelle réelle ou supposée de la victime. Les injures et invectives basées sur des appellations péjoratives des homosexuels en font partie. 

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