Ce mercredi 17 mai 2023 marque la journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. Une journée qui permet de faire le point sur la condition des personnes qui vivent une sexualité différente. Une journée bien noire. Les agressions à leur encontre sont en augmentation.
"Il est entré, m'a poussé, je suis tombé à terre et me suis cassé le bassin". Aldo, 36 ans, témoigne anonymement. C'est sa 5e agression. "Dégage, on t'a vu fréquenter la maison des pédés". Aldo sortait du local de l'association SOS Homophobie, situé sur les pentes de la Croix Rousse, à Lyon. Il est homosexuel. Mais il ne veut pas envenimer la situation. Pour lui, comme pour beaucoup d'autres, dans le métro, dans les restaurants ou les espaces publics, les réflexions sont désobligeantes. En permanence. Quand elles ne sont pas agressives, voire injurieuses, elles peuvent tourner en violences physiques.
Selon le dernier rapport de l'association, les actes et les agressions à l'encontre des personnes homos, bi ou trans ne cessent d'augmenter. Plus 28 % en un an.
Tous les deux jours, il y a une agression. Elles se déroulent sur les espaces publics, dans le métro, dans la rue…
Arthur Desachy, Co-délégué association "SOS homophobie Lyon
Des agressions physiques et psychologiques
Récemment à Lyon, une exposition proposée dans le 5e arrondissement a été vandalisée. Un individu a été relaxé suite à une agression homophobe. "L'objectif - de cette plainte (NDLR) - n'était pas de mettre à terre un jeune homme de 20 ans, mais de dénoncer avec force tout acte homophobe, rien ne doit être anodin ni banalisé" écrivent les victimes.
Elyette Robert est catholique, la cinquantaine, elle revendique son homosexualité et l'assume. Mais les temps sont durs. Dans son association "David et Jonathan", elle milite pour une reconnaissance des différences, même au sein de l'Église.
Je me rends compte qu'il y a de la violence. Quand je viens à Lyon, j'entends des amis qui m'en parlent. C'est permanent. On est en 2023, elle est où la Déclaration des droits de l'Homme?
Elyette Robert, association David et Jonathan
Des campagnes de sensibilisation
En cette journée du 17 mai 2023, les associations de lutte contre ces harcèlements se mobilisent. Le gouvernement s'y met également via le ministère de l'Éducation Nationale. Une nouvelle campagne de prévention et de sensibilisation contre les LGBT+phobies est lancée. "Ici, on peut être soi". Ce message s’adresse à la fois aux élèves LGBT+ et à tous ceux qui pourraient, pour quelque raison que ce soit, être empêchés de vivre pleinement leur identité, note le ministère.
Des mesures insuffisantes ?
Un "Die-In" est prévu sur la place de la comédie, face à la Mairie de Lyon, ce mercredi soir vers 19 h. Il s'agira pour les bénévoles rassemblés de se coucher à terre pour marquer leur soutien aux victimes. Le rassemblement se veut festif, "il devrait permettre d'interpeller les passants et d'engager la discussion", selon Martine, l'une des organisatrices.
L'association "SOS Homophobie" appelle à "une action plus performante et efficace des pouvoirs publics". Cela pourrait se traduire en termes de moyens. Des renforts pour les enquêteurs chargés de ces dossiers, des formations et des sanctions. Des sanctions à la hauteur des actes commis.
À l'heure actuelle, la loi punit "les injures, la diffamation, la violence et la discrimination, lorsqu'elles sont basées sur l'orientation sexuelle, réelle ou supposée, de la victime". Pour injure ou diffamation publique, la peine encourue est de 1 an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.