28%. C'est le taux d'augmentation considérable des crimes et des délits visant les personnes LGBT en 2 ans en France. Anthony, 24 ans, a récemment subi une agression homophobe au centre commercial de Confluences, à Lyon.

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Vêtu d'une jupe jaune et blanche, une veste assortie sur les épaules, Anthony déambule à petits pas dans le centre commercial de Confluences, à Lyon. Ce style vestimentaire, il le revendique depuis ses années collège. C'est dans ce même centre commercial que le jeune homme a été récemment victime d'une agression homophobe violente. 

"On n'a pas le choix"

"Je sortais du magasin Sephora (…) je devais aller prendre le tram (…) en sortant, (…) quelqu’un est venu sur ma droite (…) et a commencé à me dire "pourquoi tu t’habilles comme ça ?", avec des insultes, il a crié de plus en plus fort dans le centre commercial (…). Au bout de 15 secondes, j’ai déverrouillé mon téléphone et j’ai mis le mode vidéo", détaille-t-il, d’une voix fluette. Aux alentours, personne ne vient à son secours. Une agression courte mais brutale. "C’est l’agression la plus violente que j’ai subie", confie Anthony. Devenue virale sur les réseaux sociaux, la vidéo a comptabilisé presque 500 000 vues sur Twitter. 

Cette fois-ci, la violence a encore pris de l'ampleur : le jeune homme a été menacé. C’est d’ailleurs ce qu’il a encouragé à porter plainte. "J’ai décidé de porter plainte parce qu’il y avait des menaces et que ça touchait ma mère, ma grand-mère", précise-t-il. Quelques jours après l’altercation, Anthony est envahi par la peur : "j’ai demandé à mes amis de m’accompagner pour aller acheter à manger au cas où (…)".

Antoine semble résigné lorsqu’il évoque les agressions qu’il subit depuis des années : "un petit mot par-ci, par-là, des regards de travers, des fois on te filme dans la rue". L'homophobie est désormais plus excessive : "On n’a pas le choix (…) Les agressions sont moins régulières mais plus fortes ". "Je ne suis pas le seul, je ne suis pas le pire non plus (…) On est obligé de vivre avec ça parce qu’on n’a pas le choix", ajoute-t-il, quelque peu fataliste. 

Le fléau de l'homophobie ordinaire 

L’homophobie découle d’ "une espèce de peur de l’inconnu", selon Maxime Larcher, d’SOS homophobie Lyon. Espace public, famille, travail … l’homophobie n’épargne aucun cercle. "L’homophobie ordinaire, explique-t-il, c’est les petites blagues au travail, c’est aussi les remarques en réunion de famille". Souvent très seules, les victimes n'osent pas porter plainte. Seules 5% d'entre elles franchissent le pas d'un commissariat. Cette omerta contribue à la banalisation des agressions homophobes. 

Pour faire face à une homophobie du quotidien qui peut parfois s'avérer destructrice, les couples LGBT développent des "stratégies d’évitement", détaille Maxime Larcher : "Je suis une femme lesbienne, je vais m’interdire de la prendre par la main dans la rue ou alors d’avoir un geste tendre, de l’embrasser". "Un couple hétérosexuel ne se pose pas la question (…) qu’est-ce que ça cause à la société d’être habillé différemment, ou d’aimer quelqu’un qui ne soit pas du sexe opposé ?" déplore-t-il. 

"Je sais que ces choses-là buzzent"

Que faire pour que l’homophobie cesse ? Il faut "sensibiliser les jeunes en particulier les jeunes garçons, des vraies politiques avec des moyens mis en œuvre auprès des associations de formation auprès des gens qui encadrent d’autres personnes, des combats pour l’égalité des droits et pour l’amélioration des droits", recommande Maxime Larcher.

Et si les réseaux sociaux, tant décriés, avaient un rôle à jouer dans la lutte contre l'homophobie ? La vidéo de l’agression d’Anthony a été visionnée presque 500 000 fois sur Twitter. "Il est tant que les choses évoluent avec les réseaux sociaux (…)", affirme-t-il. Sa vidéo a mobilisé une partie de la communauté LGBT. "Je sais que ces choses-là buzzent", souligne-t-il, en secouant son téléphone à la coque rose pastel. Anthony a d'ailleurs pu trouver du réconfort dans les commentaires bienveillants postés sous sa vidéo. Le jeune homme a été particulièrement touché par le commentaire d'un policier LGBT, membre d'une association de défense de la communauté. 

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