Homophobie : Nicolas, 40 ans, choqué après un guet-apens à coups de marteaux à Saint-Chamond (Loire)

Nicolas, 40 ans, est en arrêt-maladie. Il est une nouvelle victime d'agression homophobe en France. Dans un parc de Saint-Chamond (Loire), un rendez-vous fixé sur un site de rencontre s'est transformé en cauchemar. Trois agresseurs l'attendaient et l'ont roué de coups... de marteaux. Témoignage

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Le 29 décembre dernier, Nicolas est heureux de se rendre à un rendez-vous pour rencontrer un homme avec lequel il a sympathisé sur internet, par le biais d'une application. "Je suis célibataire. Je suis comme beaucoup de monde, pas envie de rester seul, et besoin de rencontrer quelqu'un." explique-t-il tout naturellement. Il a donc recours à une application dédiée aux rencontres. "On a choisi un endroit neutre parce qu'on trouvait cela plus simple pour une première rencontre". Nicolas explique qu'il croyait vraiment connaître l'homme avec lequel il a ce rendez-vous : "On avait déjà pas mal communiqué ensemble. On échange et on prend confiance, sur ces réseaux."

Arrivé sur place, son interlocuteur lui confirme, toujours via l'application, qu'il va bientôt arriver. Nicolas ferme son téléphone et patiente dehors, dans le parc de Saint-Chamond (Loire), où l'attendent en fait trois hommes habillés de noir, masqués et armés de marteaux. "Je comprends vite que je suis tombé sur un coup monté, un vrai guet-apens" raconte-t-il avec émotion, encore aujourd'hui. Nicolas pense que le froid a peut-être permi d'éviter le pire. Les coups pleuvent durant plusieurs minutes sur lui. Ses vêtements épais, et notamment son bonnet et sa capuche, le protège un peu des coups portés à la tête. Il ne retient pas les visages de ses assaillants : "Dans mes souvenirs, je vois juste trois personnes surgir, le bras en l'air, avec des marteaux." confirme-t-il. Ses agresseurs hurlaient : "Mets-toi par terre, on va te faire ta fête". Il se met en boule et prend les coups.

Après cette agression, Nicolas a le réflexe de rallumer son portable, pour retrouver celui qui est probablement à l'origine de ce piège. Mais son profil a évidemment été supprimé. Les sapeurs-pompiers lui viennent en aide. Il va alors porter plainte auprès des gendarmes. "J'ai passé beaucoup de temps avec eux, on a détaillé mon emploi du temps, listé tous mes contacts et constaté mes blessures. Et je suis allé chez un médecin légiste à Saint-Etienne pour en mesurer l'impact ". Il s'en sort, heureusement, pas trop mal physiquement. "J'ai de la chance. J'ai juste des hématomes sur la tête. Une plaie ouverte avec des points de suture sur le front. Une dent cassée, la lèvre éclatée. J'avais aussi des blessures aus mains et aux jambes, du fait d'être frappé au sol."

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Publiée par Nicolas Monterymard sur Vendredi 1 janvier 2021

Nicolas tient à témoigner. Il a notamment choisi de raconter cette agression sur son compte facebook. "Aujourd'hui je suis encore très choqué. j'ai besoin d'alerter les autres, leur dire de faire gaffe. Cela va au-delà de moi. J'ai eu des échanges avec des tas de gens, qui ont vécu aussi des agressions. Il n'y a pas que les homosexuels. Je pense qu'on n'est jamais assez méfiant. On pense toujours que cela ne peut arriver qu'aux autres. Mais les autres, ça peut être nous."

Au-delà des blessures physiques, Nicolas vit aujourd'hui dans l'inquiétude. "Quand quelqu'un marche un peu trop près derrière moi, c'est effrayant. Les petits bruits me font peur. Le moindre petit événement qui sort de l'ordinaire m'effraye. Je sais qu'il faudra du temps..." Ironie du sort, Nicolas est manifestement une personne tournée vers les autres. "Avant de publier mon histoire sur Facebook, j'ai attendu la fin des fêtes, pour ne pas effrayer les gens. Mais je tenais à le faire. Ca me touche beaucoup d'échanger avec les autres, c'est important pour moi" nous précise-t-il. 

Une agression qui inquiète l'association Triangle rose

Dans la Loire, la lutte contre l'homophobie et le soutien aux victimes de ces actes sont assurés, notamment, par une trentaine de bénévoles membres de l'association "Triangle rose". Créée en 2015 à Saint-Etienne, elle vient en aide aux personnes victimes en leur apportant un soutien psychologique, participe à la sensibilisation en milieu scolaire. Elle supplée l'action des associations d'envergure nationale qui sont moins présente dans les villes moyennes. 

"On a recensé une dizaine d'agressions homophobes de tous genres -notamment à l'encontre des personnes transgenres dans la Loire depuis deux ans." témoigne le président de Triangle Rose, Jérome Masegosa " On n'est pas toujours informé, car tout le monde ne porte pas plainte. Cela peut être des agressions dans la  rue, pour un simple regard. C'est très disparate." 

Le type d'agression, très violente, dont a été victime Nicolas est heureusement plus rare. "Mais elle nous inquiète beaucoup" enchaine Jérome. "On pense qu'un get-apens aussi bien organisé ne sera pas sans suite, et que donc cela peut se reproduire. On invite chacun a être très prudent. Le mieux, avant un rendez-vous, est de dire à un ami où l'on se rend, et d'éviter de rencontrer un inconnu dans un lieu désert." L'association rappelle également qu'il n'est pas inutile de signaler aux propriétaires des applications de rencontre tout compte qui peut paraître suspect ou dangereux. "Ils ont aussi un système de modération qui sert à supprimer des comptes qui risquent de poser problème". 

Triangle Rose propose une ligne d'écoute gratuite 7 jours sur 7 au 07.68.89.47.68

 

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