La famille a annoncé la mort de Bernard Pivot. Bernard Pivot a conservé toute sa vie des relations privilégiées avec Lyon, le Beaujolais et tout particulièrement avec la petite commune de Quincié-en-Beaujolais. Le journaliste y avait passé une partie de son enfance, entre 1940 et 1945. Il venait souvent y faire la fête ou lire ses célèbres dictées. Le village comme la région lui rendait bien cette passion pour un terroir d'enfance.
Fin du dernier chapitre pour Bernard Pivot...
Journaliste, critique littéraire, animateur d'émissions culturelles à la télévision, difficile de résumer la vie professionnelle de Bernard Pivot en quelques lignes. On ne compte plus les chapitres. Il en a fait du chemin, l'enfant qui figure sur cette photo de classe jaunie des années 40.
Né en 1935 à Lyon, Bernard Pivot a passé une partie de son enfance à Quincié-en-Beaujolais. Durant la Seconde Guerre mondiale, son père était prisonnier en Allemagne. Il a trouvé refuge avec sa mère dans la maison familiale. Dans la petite commune du Beaujolais, pendant l'occupation, le petit Bernard découvre les bancs de l'école. La famille regagne Lyon à la fin de la guerre. Bernard Pivot est resté très attaché à ce petit coin du Beaujolais qu'il n'a eu de cesse de faire découvrir à ses amis, célèbres ou non.
En signe de reconnaissance, la commune décide de baptiser sa bibliothèque du nom de l'enfant du pays. C'est Bernard Pivot en personne qui y déposait des livres, son quotidien, sa matière première de journaliste littéraire.
Amoureux de littérature et homme de télévision
C'est à l'âge de 20 ans que Bernard Pivot est monté à Paris. Devenu journaliste, il reçoit à 30 ans sa première distinction : le prix de la Chronique Littéraire.
En 1973, il fait ses premiers pas à la télévision. En avril, il produit et anime l'émission Ouvrez les guillemets. L'année suivante, l'animateur lance l'émission Apostrophes sur Antenne 2 : durant 75 minutes, Bernard Pivot débat avec plusieurs invités. L'émission qui rassemble jusqu'à 2 millions de téléspectateurs, devient le «magazine littéraire de référence» de la télévision française jusqu'à son arrêt en 1990 après 724 numéros.
Bernard Pivot est devenu au fil des années une figure incontournable du paysage audiovisuel français. À partir de 1991, il présente Bouillon de culture, qui traite de l'actualité littéraire, mais aussi de cinéma, de théâtre.
En 2002, il donne naissance à l'émission Double Je.
Sur les petits écrans, il est devenu le journaliste de référence pour tout ce qui s'écrit et se publie. Un amour des mots qui valait bien une chanson, signée Pierre Perret. "Il rend intelligent même les plus sots"...
Le Beaujolais, sa terre de cœur
"Est-ce que le talent qui émoustille son cerveau, Vient du beaujolais nouveau, Je laisse encore une fois le dernier mot, A Bernard Pivot..." chantait alors Pierre Perret.
Le journaliste avait plusieurs passions : la littérature, la gastronomie et le pays du Beaujolais. En 2009, avec le chroniqueur gastronomique Périco Légasse, il crée le Comité de défense du Beaujolais. L'animateur met ainsi sa notoriété au service du vignoble alors en crise. En 2013, c'est en sa qualité de Président de ce comité qu'il a l'honneur de mettre en perce les fûts de vin nouveau.
Bernard Pivot ne se lasse pas de faire découvrir son Beaujolais à ses amis. Durant des décennies, ce sont des footballeurs, des écrivains ou encore des chanteurs qui sont invités dans le pays des pierres dorées.
Le football était aussi une des passions de l'homme de lettres. Saviez-vous que Bernard Pivot était un ardent supporter des Verts ?
Pivot entre dans le Larousse
"Il n'y a pas beaucoup de journalistes dans le Petit Larousse et il n'y en a pas beaucoup qui ont donné leur nom à des écoles, donc je suis encore plus flatté," avait déclaré en 2013 Bernard Pivot.
Cette année est restée un millésime exceptionnel. Pivot est entré dans le Larousse, mais surtout une école porte son nom. Celle de Vaulx-en-Beaujolais. Le village sert de cadre au célèbre roman "Clochemerle", village imaginaire passé dans le langage courant. Bernard Pivot, en maître de cérémonie, n'a pas perdu l'occasion de se lancer dans un exercice incontournable : une dictée, pour les petits et les grands !
En 2019, à 84 ans, Bernard Pivot décida de quitter l'Académie Goncourt dont il était membre depuis quinze ans et qu'il dirigeait depuis janvier 2014. Il se contenta de rester membre d'honneur de la prestigieuse académie née en 1903. Le journaliste, amoureux des mots, ne boudait pas les nouvelles technologies. Il était très suivi sur le réseau social Twitter où son compte, ouvert dès 2012, comptait un million d'abonnés. Il le décrivait comme "une école de la concision". "Y ouvrir un compte devrait être obligatoire pour les élèves des écoles de journalisme", écrivait-il voilà dix ans.
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