A Givors (Métropole de Lyon), le deuxième tour des municipales voit s'affronter 4 candidats : Christiane Charnay, Antoine Mellies, Laurent Decourselle et Mohamed Boudjellaba, autour de l'économie, la sécurité et l'emploi notamment.
A Givors, l’enjeu politique du second tour des municipales est considérable, avec 4 candidates et candidats qui débattent sur notre antenne, interrogés par Paul Satis.
Les résultats du 1er tour
- Christiane Charnay (maire sortante depuis 2017, Union de la Gauche, PCF): 24,5%
- Antoine Mellies (RN): 22,8%
- Mohammed Boudjellaba (Liste de gauche, EELV): 20,5%
- Laurent Decourselle (Divers centre): 18,8%
- Alexandre Couchot (Centre): 8,9%
- Razika Dali (Divers): 4,1%
Le 15 mars la participation était extrêmement faible avec 36,3% de participation. Près des 2/3 des électeurs ne sont pas allés voter. Pour la maire sortante Christiane Charnay, les 70 % d'abstention sont liés "à la crise sanitaire" du Covid-19. Givors est dirigée par le Parti Communiste depuis 67 ans.
Accords et désaccords
Givors est peut-être l’élection la plus ouverte de ce deuxième tour. Pour le deuxième tour le centriste Laurent Decourselle est le seul à avoir fusionné une liste, avec celle d'Alexandre Couchot qui a obtenu 9%.
Pas de rassemblement républicain donc ni d'appel à faire barrage: les autres têtes de listes ont maintenu leur candidature.
Christiane Charnay affirme sur notre plateau qu'elle a appelé ses "concurrents" à "faire obstacle à l'extrême droite".
Assis juste en face d'elle, Mohammed Boudjellaba dément et déclare qu'il "attend toujours son appel", sous le regard amusé d'Antoine Melliés. Laurent Decourselle déclare la même chose : "je l'ai lu dans le journal" dit-il, en précisant qu'il s'associerait volontiers à cet appel pour lutter contre le RN, "mais un peu tard" regrette-t-il.
"Je suis à la fois amusé et dépité par cela" réagit Antoine Mellies qui précise: "Au niveau national, le front républicain est mort. On est dans la vieille politique politicienne pour sauver des postes et des places."
"A Givors, on n'a jamais pu s'unir"
Interrogé sur son étiquette, Laurent Decourselle confirme la fusion de sa liste avec celle d'Alexandre Couchot (LREM), en incluant 2 candidats sur sa liste du deuxième tour. Mais il ne revendique pas l'étiquette de la majorité actuelle.
Mohammed Boudjellaba, lui, précise qu'il avait proposé la fusion des listes à tous ceux qui étaient arrivés derrière lui. Sa liste est bien "soutenue par EELV" dit-il, et il annonce le soutien de Générations et de la sixième liste locale, "des membres de la liste Givors en commun".
Mardi 16 juin, Razika Dali a démenti catégoriquement ce dernier point : "Il n'est pour l'heure d'aucun soutien de "Givors en commun" pour aucune des listes présentes pour le second tour" nous dit-elle. Elle précise: "J'invite les électeurs à voter selon le programme des candidats!"
Christiane Charnay fait ce constat: "A Givors, on n'a jamais pu s'unir". Christiane Charnay sera par ailleurs en deuxième position de la liste EELV portée par Jean-Charles Kohlhaas sur la circonscription Lones et Coteaux pour les élections métropolitaines. "C'est vrai que ça peut paraître un peu compliqué pour les électeurs" dit-elle.
"Il a tout perdu"
Extrême-gauche et extrême-droite s'opposent sur notre plateau.
La maire PCF Christiane Charnay essaye d'attaquer directement le candidat de l'extrême droite Antoine Mellies, en critiquant son bilan local. "M. Mellies essaye d'avoir une assise politique à la mairie de Givors. De toute façon il a tout perdu. Aux élections métropolitaines il ne peut pas se représenter". Ses collègues du RN seraient en difficulté dans la Métropole selon elle.
"Sur l'assise politique, je vous le laisse" rétorque l'intéressé qui défend son bilan dans le groupe d'opposition municipale depuis 2014.
Quelle économie pour demain ?
Givors compte un taux de chômage de 20%, avec 46,2 % de logements sociaux et un grand passé industriel, celui de la verrerie (créée en 1749 et fermée en 2003). Le site industriel de l'ancienne verrerie fait d'ailleurs l'objet de projets bien différents d'une liste à l'autre. Malgré une position idéale entre Lyon et Vienne, avec la présence d'autoroutes, le Rhône, des lignes de chemins de fer, les entreprises ne se battent pas pour s’y installer. Les prix bas du logement ne suffisent pas pour attirer une nouvelle population.
"Givors a un potentiel extraordinaire"
La ville est attirante pour les investisseurs fait remarquer Christiane Charnay: "nous avons des hectares de friches industrielles qui peuvent être mis à disposition des promoteurs industriels. On est très regardés et demandés", même si l'économie est une compétence de la Métropole.
"Givors a un potentiel extraordinaire" insiste Antoine Mellies. Il souhaite être la porte d'entrée de la Métropole de Lyon. Il propose d'agir sur la commande publique pour gérer l'urgence de l'après Covid, et porte le projet d'un complexe d'entreprises sous-traitantes dans l'automobile de haute technologie.
Mohammed Boudjellaba, lui, veut sauver les emplois et les entreprises, d'abord pour l'urgence actuelle. Il propose un fonds d'urgence de 3 millions d'euros, "pris sur les excédents budgétaires", destinés aux TPE, artisans et commerçants givordins. Il promet également des entreprises tertiaires autour de la gare, des emplois industriels au sud de la ville, et des espaces pour les artisans au nord. Il promet également de rebâtir et réhabiliter le château Saint Gérald pour en faire un site touristique.
"La ville, elle fait peur"
Laurent Decourselle affirme que "pour attirer des entreprises, il faut que la vie soit attractive. Aujourd'hui la ville, elle fait peur." Le candidat fait référence aux incivilités et à la délinquance. Il souhaite faire appel aux nouvelles technologies et au développement durable : "ce sont les métiers de demain."