Créées en 2003, les "Nuits Sonores" célèbrent, cette année, 20 ans d'existence. Un festival de musiques électroniques né à Lyon, impulsé par une mairie qui cherche un public jeune, le festival n'a cessé d'évoluer. Et de s'adapter. Entretien avec l'un de ses créateurs : Vincent Carry.
C'est le rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique électro. Le festival des Nuits Sonores débute à Lyon en ce week-end de l'Ascension. Comme c'est le cas depuis 20 ans maintenant. Au départ, il y a un constat : "la scène électro était effervescente, ne manquait qu'un projet". Vincent Carry est l'un des créateurs des Nuits Sonores. À l'automne 2002, il écrit le scénario avec quelques amis artistes. Au mois de mai 2003, la ville de Lyon, alors dirigée par le nouveau maire élu Gérard Collomb, alloue une subvention. Le maire de l'époque, actuellement sous traitement contre un cancer, ne souhaite pas s'exprimer. Mais c'est bien sous son impulsion que la fête est lancée.
C'était le moment où le territoire avait des envies en direction de la jeunesse. Les planètes se sont alignées. Le festival était né.
Vincent Carry, directeur de l'association "Arty-Farty"
Au début, le festival rassemble 16 000 spectateurs. En 2018, ils sont plus de 140 000. Les concerts se déroulent dans des espaces laissés à l'abandon. D'anciennes usines, des sites en friche, et même des lieux improbables : comme la piscine du Rhône ou la cour de l'Hôtel de ville pour des concerts "minisonore" à destination du jeune public.
Le festival prend ses marques autour de l'évolution de la métropole. Une nouvelle ligne de tramway, une nouvelle station de métro et c'est l'occasion de marquer et d'accompagner le territoire. L'ancien marché gare de Lyon devient l'un des marqueurs du festival. Comme d'anciennes usines inoccupées. "Nous étions entre deux histoires : celle qui est terminée et celle qui commence" selon le créateur du festival.
Plus d'une centaine de sites ont ainsi été "visités" par les "Nuits Sonores". Des galeries, des salles de spectacle, des rues dans des quartiers…
Toute la particularité du festival tient en son adaptation. Il faut pouvoir créer des scènes là où elles ne sont pas. Concevoir l'architecture, "habiller" le lieu, mettre en œuvre les mesures de sécurité.
On voulait partager cette énergie, dans les usines, les parcs, les lieux inédits et s'ouvrir à tout le monde, même aux enfants.
Vincent Carry, directeur de l'association "Arty-Farty"
L'aspect environnemental est présent dès le début. Tout comme la parité. La nourriture, les voyages des artistes, les consommations, tout est évalué, mesuré, calculé. Les artistes sont autant masculins que féminins, les cachets sont corrects sans être excessifs, les transports sont réfléchis en termes de bilan carbone.
Malgré la crise sanitaire et les attentats de Paris au Bataclan en 2015, les organisateurs de cette 20e édition espèrent autant d'enthousiasme cette année anniversaire.
"On voulait montrer une autre image de Lyon, moins conservatrice, multiple et fière".
Le pari, 20 ans après, semble réussi. Des artistes du monde entier se retrouvent ici pour un festival qui est devenu, selon eux, l'un des incontournables.
Le festival des "Nuits Sonores" se déroule à Lyon du 17 au 21 mai 2023. Dès l'année prochaine, il devrait investir un nouveau lieu : les anciens ateliers SNCF, aujourd'hui laissés à l'abandon, situés à La Mulatière, aux portes de Lyon.