Nouveau pacte avec les industriels de Lyon pour rendre plus verte la vallée de la chimie

Concilier chimie et écologie, le président de la métropole de Lyon Bruno Bernard veut y croire. À la faveur de la hausse des coûts de l'énergie et du scandale des perfluorés, la collectivité et 39 industriels se retrouvent autour d'un pacte pour limiter la pollution produite par la vallée de la chimie.

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"Améliorer durablement le cadre de vie" autour de la vallée de la chimie, la formule n'est pas nouvelle. En 2014, une charte réunit déjà État, Métropole et France Chimie. Un partenariat public-privé qui permet à la collectivité d'intervenir sur l'avenir de la vallée. Ainsi, "plus de 700 millions d’euros ont été investis par les acteurs privés sur le territoire en dix ans pour moderniser, transformer et sécuriser les sites industriels ainsi que leurs outils de production" selon la collectivité locale.

À l'époque, la mission territoriale Lyon Vallée de la Chimie vise l'horizon 2030. Les questions autour du dérèglement climatique, de la pollution et de la hausse des prix de l'énergie ne sont alors pas aussi prégnantes qu'en 2023. 

Un pacte réactualisé

À la faveur de ces changements, toujours dans le cadre de cette mission territoriale, un "pacte pour l'impact" a été signé entre la Métropole et 39 industriels. Ce projet prévoit une nouvelle gouvernance public-privé pour prendre une "trajectoire bas-carbone".

La mission première de ce pacte est de réduire l'empreinte environnementale de la vallée de la chimie. Parmi les signataires autour de la Métropole, plusieurs gros industriels (Air Liquide, Arkema, Dalkia, Solvay, Suez, TotalEnergies et Veolia), la Compagnie Nationale du Rhône, l'État et huit communes.

Hydrogène, valorisation de déchets et supplément d'électricité pour décarboner

La vallée de la chimie émet un quart des émissions de CO2 de la Métropole de Lyon. Pour décarboner, c'est-à-dire se passer des énergies fossiles, il faut se tourner vers l'électricité. Et c'est RTE, réseau de transport de l'électricité, qui présente actuellement le projet le plus ambitieux. Amener 350 mégawatts sur la vallée en créant un nouveau poste électrique à Feyzin. Ce projet permettra par exemple d'alimenter un électrolyseur pour produire de l'hydrogène.

Toujours sur Feyzin, Suez souhaite implanter une chaufferie de 85 MW en valorisant des combustibles solides de récupération (CSR). Ce projet d'économie circulaire permettrait de réduire l'enfouissement de déchets.

Enfin, la Compagnie Nationale du Rhône et ENGIE développent un projet d'usine d'hydrogène renouvelable. L'idée étant de créer un hub auquel plusieurs industriels de la vallée pourraient venir se raccorder. Mise en route prévue en 2026 avec une production timide de 5 à 10 MW.

Village d'économie circulaire, innovation et renaturation des friches

L'objectif de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) est que l'industrie réduise ses gaz à effet de serre (GES) de 35% d'ici 2030 et de 80% en 2050. La Métropole mise donc aussi sur de nouveaux projets.

Feyzin devrait ainsi accueillir un village d'entreprises ayant intégré l'économie circulaire dans leur fonctionnement. Un projet destiné aux "acteurs du réemploi, du recyclage et de la filière de la chimie biosourcée" selon la Métropole.

Pour capter plus de CO2, la collectivité écologiste va acquérir une vingtaine d'hectares de terres par mesures d'expropriation, dans le cadre du PPRT (Plan prévention des risques technologiques). La Métropole prévoit de raser les bâtis pour renaturer les terrains. Ainsi, ce sont dix hectares sur l'île de la Chèvre et dix à l'est de la raffinerie qui verront se développer une forêt pour favoriser la biodiversité.

Vers un label "zone industrielle bas-carbone ?

La vallée de la chimie est le 5ᵉ site le plus émetteur de CO2 en France. La Métropole et ses partenaires ont présenté sa candidature au label "zone industrielle bas-carbone" permettant des aides d'État pour la décarbonation.
Le dossier a été défendu la semaine passée devant l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe) par huit des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du site, dont Arkema, Kem One ou Total Energies.
Après Dunkerque, Marseille Fos, Le Havre et le port de Nantes-Saint-Nazaire, la vallée de la chimie entend à son tour être retenue dans ce dispositif, dit ZIBAC. Celui-ci permet le financement d'études qui visent à identifier les moyens que pourraient mutualiser les industriels.
La chimie "consomme environ 33% du gaz et 20% de l'électricité utilisée dans l'industrie en France" et "l'approvisionnement en énergie représente un très gros enjeu en termes de compétitivité", rappelle Caroline Prieur, cheffe de projet à la mission Lyon Vallée de la Chimie.

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