Au sud de Lyon, un club de rugby affiche avec fierté sa différence. Ouvert à toutes et tous, le club les Rebelyons modifie les règles du jeu. Dans la mêlée s'affrontent femmes, hommes, transgenres ou non genrés... Ce qui importe à ses membres, c'est avant tout le plaisir de jouer.
La nuit est tombée sur le stade de Bron, mais les joueurs se distinguent bien, leur chasuble jaune sur le dos. Joueurs, pas seulement car il y a aussi des joueuses, c'est la première particularité du club Rebelyons, les équipes sont mixtes depuis 2017.
Des équipes mixtes
Cette année, les Rebelyons accueillent deux filles. "Je me suis dit que pour commencer, je n'allais pas aller dans un club qui était déjà formé, un club de compétition", explique Camille l'une des deux joueuses, venue ce soir là, faire un essai. Baptiste fait partie de l'équipe depuis cette année, pour lui l'essai est transformé. Quelques semaines ont suffit pour que l'état d'esprit des Rebelyons le convainc de rester. "Je pense que si ça n'avait pas été un club inclusif, et, en l'occurrence avec ma copine en mixité, je pense que j'aurai continué à faire du vélo, tout seul, autour de chez moi, sportivement ça m’aurait suffi", affirme Baptiste.
Outre cette spécificité, le club des Rebelyons créé il y a 16 ans, se veut largement ouvert à l'autre. Inclusif, tout simplement.
Une large inclusion
Bien que le rugby ait une image très masculine, virile, le club était "gay friendly" dès sa création. Les homosexuels étaient accueillis et traités comme les hétérosexuels. Aucune distinction. Pas de moquerie.
Depuis, l'inclusion a progressé : trans, non genrés sont à leur tour bienvenu.e.s. "Moi, je ne connais pas la sexualité de chacun, ça ne me regarde pas et je m'en fiche... Comme certaines personnes peuvent ne pas connaître la mienne", affirme Charlotte Buard, l'autre membre féminine de l'équipe.
Bien qu'il ne cache pas la mixité de ses effectifs, le club se défend d'être un porte-étendard de la cause LGBTQIA+. Cependant, face à une sexualité qui suscite toujours le débat, les Rebelyons doivent paradoxalement s’afficher.
Bannière arc-en-ciel
"On cherche à ne pas être marqué, à ne pas être identifié et pouvoir vivre comme on le souhaite. Par contre, pour certains, on a besoin de visibilité pour être reconnu. Car une fois reconnu, visible, on peut se permettre de protéger", explique le vice-président des Rebelyons, Christophe Luksch.Charlotte, l'une des deux joueuses complète "l’inclusion, c’est vraiment considérer les différences de chacun, que l’on puisse l’inclure dans cette société. Il y a des évènements auxquels on participe, sur la coupe du monde, sur les évènements à la mairie grâce auxquels on tend vers cela. Mais ça ne peut pas se faire seulement au sein des Rebelyons. La société doit aussi s’ouvrir à cela."
"On a toutes et tous le droit de jouer au rugby, peu importe qui l'on est."
Mathias Quinteau, entraîneur des Rebelyons
La lutte pour l'inclusion n'est pas terminée. Mathias Quinteau, l’entraîneur du club, l'a découvert il y a une dizaine d’années, quand il est arrivé au club. "Ça avait l'air très sympa, le côté inclusif, je me suis demandé en quoi ça consistait et j’ai appris après à connaître le combat, la lutte qu'il y avait derrière, se souvient-il. Je ne m’en étais jamais rendu compte avant, n'étant pas la cible de ces phobies. Maintenant, c’est un combat qui me tient à cœur. Pour moi, on a toutes et tous le droit de jouer au rugby, peu importe qui l'on est."
Le club compte aujourd'hui une quarantaine d'adhérents.