Le projet phare des écologistes est en cours de réalisation. Un projet de réseau express pour les vélos nommé "Voies Lyonnaises". Les travaux sèment la discorde et attisent les rivalités entre les riverains, les élus et les automobilistes.
"Vous n'allez pas nous manquer avec vos bagnoles". "Écoutez les habitants". "Une bonne idée, mais mauvaise mise en œuvre". Les commentaires sont nombreux et variés sur les réseaux sociaux, les sites des consultations publiques et dans la presse. Les voies lyonnaises, chères aux écologistes n'en finissent pas de susciter des réactions,voire des critiques.
"Pas n'importe comment"
Au fil des concertations publiques, les voix se font entendre, des élus de l'opposition affûtent leurs arguments. Personne n'est vraiment opposé au vélo, mais c'est souvent la méthode qui est pointée du doigt. Jérémie Bréaud, maire LR de Bron,où doit passer la voie numéro 12, trouve même qu'il s'agit "d'une bonne chose. Mais pas n'importe où, pas n'importe comment et pas n'importe quand".
Une pétition en ligne
Dans le 5e arrondissement à Lyon, c'est une autre polémique qui surgit. En voulant réserver un axe uniquement aux vélos, des riverains s'alarment des conséquences pour leur quotidien. "Qui a pensé aux personnes handicapées qui ne peuvent pas faire de vélo ?" s'interroge un internaute. Un collectif de riverains "Touche pas à ma colline" revendique 1450 signatures dans sa pétition contre le projet. L'association fédère "tous ceux qui refusent de s'inscrire dans ces projets mal conçus, ne reposant sur aucune étude exhaustive des impacts sur les quartiers et sur la circulation des personnes".
"Quel scénario choisir ?"
À Oullins, commune en périphérie de Lyon, c'est la voie lyonnaise numéro 6 qui interroge les riverains, les commerçants et les élus. Début février, la métropole a engagé les premiers travaux préparatoires provoquant la colère du maire. Il avait alors réagi avec un arrêté municipal afin de les stopper. Après de nouvelles réunions, un accord a été trouvé. Un consensus difficile à trouver, et toujours pas résolu. Trois hypothèses sont désormais sur la table. "Début 2025, on mettra tous les acteurs autour de la table pour voir quel scénario choisir ou si on revient au point de départ". Jean-Charles Khoolas, élu écologiste à la métropole se veut à l'écoute.
La place des réseaux sociaux
Les concertations. C'est sans doute là que le bât blesse. Pourtant, la métropole annonce en avoir organisé une quarantaine. Sans doute pas suffisant. Par conséquent, les injonctions s'étalent souvent sur les réseaux sociaux. "Prendre de la place aux voitures pour développer les alternatives fonctionne", réagit ainsi Fabien Bagnon, élu écologiste. Sur X, ex-tweeter, il répond à un élu d'opposition qui s'inquiète des suppressions de voies pour les automobilistes.
"Plutôt sympa", au début
Les premières réunions de concertation portaient sur le projet global, "c'était plutôt sympa, tout le monde était d'accord". Mais l'élu, en charge des mobilités à la métropole, le reconnaît, en entrant dans la phase de concertation par tronçon, "là ou les voies lyonnaises atterrissent sur la voirie, ça se complique".
Cependant, selon Fabien Bagnon, "85% des 250 kilomètres de réseau ne posent pas problème".
L'espace public est rare. 70% de cet espace est utilisé pour la voiture, qu'elle soit en stationnement ou en circulation. Dès que l'on prend de la place à la voiture, ça crée des crispations. Cette phase de concertation est compliquée, mais bientôt on verra le résultat. Je suis optimiste.
Fabien Bagnon, Vice-président (écologiste) chargé des mobilités à la métropole de Lyon
Un réseau express pour les vélos
Les voies lyonnaises, "pensées comme un réseau de transport en commun", selon la ville, seront reliées entre elles. Douze pistes "sécurisées et adaptées" à la pratique du vélo desserviront les communes de la périphérie et le cœur de l’agglomération.
Un projet ambitieux qui vise à faire de la métropole de Lyon "la capitale des modes actifs". En 2024, 150km de réseau devraient être réalisés. Autant de chantiers qui interpellent les riverains. De nombreuses réunions de concertation accompagnent le projet, avec leurs lots de réactions. Contestées souvent, interrogatives parfois, approuvées rarement, les voies lyonnaises alimentent le débat.
250 kilomètres en plus en 2026
En 2021, au lendemain de leur élection, les élus écologistes avaient alors présenté à la presse le projet. Une carte succincte montrait le réseau. Elle avait laissé les journalistes dubitatifs. En 2022, le premier kilomètre de ce réseau express était livré. En 2024, la métropole vote un plan à 500 millions d'euros dans le but de réaliser 250 kilomètres à l'horizon 2026.
Une opportunité
Des voiries à sens unique, des rues réservées, des pistes élargies pour la pratique du vélo et de la marche. Le projet, s'il est vertueux sur le papier, semble avoir du mal à capter l'adhésion sans faille des plus réfractaires. Un élu écologiste, croisé sur un marché, l'avouait à demi-mot "ce n'est pas facile, on va pourtant dans le sens de l'histoire". Une rhétorique qui en rappelle une autre, celle de Winson Churchill qui a écrit : "un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité. Un optimiste voit une opportunité dans chaque difficulté".