"Dégoûtés avant d'avoir commencé", 2000 étudiants en médecine manifestent à Lyon

Ce vendredi 14 octobre, les étudiants en médecine se mobilisent partout en France à l’appel de leurs syndicats. Étudiants et internes de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne manifestent à Lyon. Quelles sont leurs revendications ?

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"L'internat de médecine, c'est la dernière phase des études de médecine, ça dure minimum 3 ans actuellement. C'est une phase de spécialisation avant d'exercer et avant la thèse. Les études de médecine sont longues : 9 ans minimum pour la médecine générale et ce sera 10 ans si jamais ce projet de loi passe" résumé Mohamed-Amin Ben-Kraiem. Ce représentant des étudiants en médecine de Lyon Est est actuellement en 3e année. 

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) fait bondir les organisations étudiantes et d’internes en médecine. Il intègre l’allongement d’une année des études de médecine générale. La médecine générale est devenue une spécialité depuis peu avec 3 années d'internat. Un autre point vient cristalliser la colère de ces futurs médecins : cette quatrième année serait effectuée "en priorité dans des zones où la démographie médicale est sous-dense", selon le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2023.

Des internes dans les "déserts médicaux" : fausse bonne idée?

Pour Mohamed-Amin Ben-Kraiem, cette 4e année d'internat pour les futurs médecins généralistes "est proposée dans des conditions non pédagogiques et avec une incitation forte à l'exercer en zone rurale". 

L'installation d'internes, encore en formation, dans des zones sous tension, est vécue comme une "fausse bonne idée" par ces futurs professionnels de santé. Et le représentant des étudiants en médecine de Lyon Est se justifie :

"Pourquoi on refuse d'aller dans les déserts médicaux ? Aujourd'hui, 87% du territoire est un désert médical. Le problème, ce n'est pas un problème de répartition de médecins, mais un problème de nombre : on n'a pas assez de médecin sur le territoire. Le simple fait de les répartir différemment ne va pas régler le problème

Mohamed-Amin Ben-Kraiem

Représentant des étudiants en médecine de Lyon Est

Les craintes des étudiants en médecine : que cette réforme soit contre-productive. Ils craignent ainsi que la spécialité "médecine générale" deviennent moins attractive du fait de cette réforme. Ce qui entraînerait à terme une baisse du nombre de médecins généralistes sur le territoire. L'inverse de l'effet recherché. 

Choix de l'installation 

Les déserts médicaux n'attirent pas ces médecins libéraux, attachés à la liberté d'installation. Beaucoup n'envisagent pas d'ouvrir un cabinet en zone rurale. Les raisons avancées sont multiples. Internes comme jeunes médecins diplômés pointent tous du doigt les mêmes problèmes : surcroît de travail mais surtout isolement - loin des autres professionnels de santé. Un isolement qui rime avec une moindre efficacité dans la prise en charge du patient. Il y a aussi le problème du conjoint ou la difficulté de trouver un remplaçant. 

Aujourd'hui, avec ce projet de loi, les étudiants en médecine redoutent également une perte de cette précieuse liberté d'installation. Pour le représentant des étudiants en médecine de Lyon Est, ces propositions de loi et les amendements qui veulent réguler les installations de médecins constituent "un danger pour le système de santé !" 

Appel à la grève

L'Intersyndicale nationale des internes (Isni) et celle des internes de médecine générale (Isnar-IMG) sont vent debout contre le projet et réclament son retrait. Débattu cette semaine à l'Assemblée nationale, l'article contesté a été validé par les députés de la commission des Affaires sociales, avec quelques amendements formels, notamment sur l'encadrement des étudiants par des maitres de stage exerçant dans le même "bassin de vie".

Pour Mohamed-Amin Ben-Kraiem, le manque d'encadrants pour ces futurs médecins généralistes est criant, la réforme ne fera qu'aggraver la situation

Aujourd'hui on manque déjà de maîtres de stage universitaire. Si jamais on rajoute une année, il faudrait trouver 3500 maîtres de stage universitaire.

Mohamed-Amin Ben-Kraiem

L'Isni dénonce une réforme destinée à "instrumentaliser les médecins en formation pour répondre à moindre frais" aux problèmes d'accès aux soins et "menée sans concertation avec les principaux intéressés".

Un appel à la grève nationale des étudiants et étudiantes des 2ème et 3ème cycles des études de médecine à partir de ce vendredi 14 octobre 2022. A Lyon, les étudiants sont mobilisés. 

Année de consolidation

Le ministre de la Santé, François Braun, défend pour sa part cette "année de consolidation" et assure qu'elle ne comprendra pas de mesures coercitives, mais vise à "accompagner les futurs médecins pour une installation dans les meilleures conditions".

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