Pédophilie dans l'Eglise : le combat de Nanou Couturier pour obtenir réparation

Abusée enfant par des pères maristes, Nanou Couturier a été l'une des premières victimes déclarées de la pédophilie dans l'Eglise. Malgré sa détermination à faire reconnaitre son préjudice et obtenir des réparations, elle se retrouve face à un mur. Explications.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les faits révélés au grand jour plusieurs décennies après les faits. Petites filles, Nanou Couturier et sa sœur ont été abusées durant plusieurs années par trois pères maristes. La victime d'hier a pris son destin en main et entamé une action en justice. Il y a quelques mois, elle a décidé de faire évaluer le préjudice qu'elle a subi quand elle était enfant. Mais son combat se révèle être bien plus compliqué que prévu.


Ainsi, il y a quelques semaines, Me Jean Sannier, l'avocat de Nanou Couturier a assigné en justice la congrégation mariste et l'Archevêque de Lyon dans le but de faire évaluer le préjudice subi par sa cliente et lui permettre ainsi de demander une juste réparation. La réponse de la congrégation religieuse et de l'Archevêché de Lyon est tombée. Demande irrecevable car le délai de prescription est dépassé. Aujourd'hui, l'Eglise se retranche derrière la prescription. Nanou devra en outre payer leurs frais de justice d'un montant de 4000 euros.

Demande d'expertise objective

"Les faits qu'elle a subis sont extrêmement graves. Ce sont des faits criminels perpétrés pendant plusieurs années. C'était une enfant esclave sexuelle de trois pères maristes. Le préjudice est considérable, on ne sait l'évaluer, moi je ne sais pas l'évaluer, seul un expert pourra l'évaluer", a indiqué l'avocat lyonnais.

Pour permettre une évaluation du préjudice de sa cliente, une proposition avait été faite : "Nous avons proposé de participer à une expertise qui serait ordonnée par le tribunal, de manière objective, par un expert désigné par le tribunal et non par nous. Elle permettrait d'identifier le préjudice subi", explique Me Sannier, "le but était d'avoir une transparence la plus parfaite, plus complète. C'est cette transparence qui fait peur aux pères maristes".

La Commission Reconnaissance et Réparation se désengage

Nanou Couturier a été l'une des premières victimes de religieux pédophiles à avoir été entendue par la Commission nationale de réparation (la CRR) mise en place par l'Eglise. Celle-ci s'était déplacée à Lyon pour connaître ses souhaits. Aujourd'hui la Commission tourne également le dos à Nanou. Son action en justice déplaît.

"On ne peut pas intervenir si on n'accepte pas les règles de fonctionnement que nous avons mises en place. C'est son droit de s'adresser à la justice civile, mais cela ne relève plus de nous", a indiqué Antoine Garapon, président de la Commission Reconnaissance et Réparation.

La réaction de Nanou Couturier ? "J'ai été choquée. Je l'ai pris pour une interdiction aux victimes d'avoir un conseil autre que le leur", explique Nanou indignée. Devoir choisir entre faire appel à la justice pour faire évaluer son préjudice ou passer par la CRR, Nanou vit la situation comme "une injustice". "Pour moi, ce n'est pas possible que l'on demande ça à une victime, qu'on demande choisir", ajoute-t-elle.


Aujourd'hui elle est bien décidée à ne pas laisser l'Eglise dicter ses choix de défense. Nanou Couturier travaille à la mise en place d'une grande association de défense des victimes de prêtres et religieux pédophiles.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité