Nanou, victime d'abus sexuel par des pères maristes quand elle était enfant, s'est rendue pleine d'espoir à la soirée-débat "La justice peut-être réparer l'injustice" en la basilique Saint-Bonaventure de Lyon. Malheureusement, à aucun moment, les victimes ont pu s'exprimer. Les lendemains lui semblent bien sombres.

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La soirée débat intitulée "La justice peut-être réparer l'injustice ?" s'annonce prometteuse pour les victimes d'abus sexuels au sein de l'église. Un magistrat de renom, Jean-Olivier Viout, anime la conférence face à une centaine de personnes. Il doit parler réparation pour les victimes quelques mois après le rapport de la CIASE, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise. Les victimes comme Nanou comptent bien que la justice les aide à y voir plus clair dans leurs demandes de réparation. Mais il y a méprise, les propos sont tout autres. 

La conférence présente plutôt la machine judiciaire et le fonctionnement des différentes procédures. A aucun moment, elle ne prend la forme d'un débat.

Colère et désarroi

Nanou couturier a été abusée par des pères maristes quand elle était enfant. Elle est l'une des premières victimes de religieux en France reçues par la CIASE. Elle est bien décidée à faire reconnaitre son préjudice et attend beaucoup de ce moment d'échanges mais c'est la douche froide.

"On est frustré, on est déçu, on est en colère. On avait rien à faire ici" déplore Nanou; les larmes aux yeux, complètement désemparée par ce qu'elle vient de vivre". Je m'était dit, c'est un magistrat, il va nous aiguiller mais comme il a rien fait et rien dit, je ne pense pas être la seule à être partie super déçue et super inquiète pour l'avenir".

L'absence de débat, pourtant évoqué dans l'invitation (ci-dessus), a déstabilisé l'auditoire. "On s'attendait à parler du travail de la CIASE, du rapport de "Sauver" et qu'on débatte !" Derrière les mots de Nanou, la volonté d'être reconnue victime au sein de l'église et surtout de pouvoir parler de ce qui lui était arrivé, est très forte. Elle attendait beaucoup de Jean-Olivier Viout, "un magistrat qui sait ce qui peut se passer, ce qui peut se faire et reconnaître que ça a été violent pour les 330 000 abusés de l'église".

Seule encore une fois

Dans l'assistance, c'est un détail mais qui a son importance, les victimes s'étaient assises de façon aléatoire, éparpillées dans le public. Chacune dans son coin. Nanou regrette qu'elles ne se soient pas retrouvées toutes ensemble pour porter leurs voix.

Ainsi quand Maître Sannier, avocat des parties civiles, pose la question de "Comment peut-on quantifier la vie d'un abusé sur de longues années ? et qu'aucune réponse concrète ne vient, Nanou n'ose pas prendre le micro pour demander plus de précisions. "Vue la tournure de la discussion, je vais être ridicule s'est-elle dit. Si j'avais été assise à côté d'autres victimes, on aurait pu faire masse, se mettre debout et dire : On est là pour ça quand même"

Une grande frustration

"Moi, je ne voulais pas de chasse aux sorcières. Je voulais une discussion qu'on n'a jamais pu avoir". Le fait que l'interlocuteur était un magistrat avait rempli Nanou d'espoir. Mais après cette nouvelle déception, Nanou ne voit pas la suite sereinement. "d'après ce qu'il (le magistrat) dit, ce qu'il entrevoit, c'est comme si on allait nous jeter une poignée de cacahuètes. Il l'a dit clairement. On ne peut pas revenir sur ce qui a été fait. On ne peut pas quantifier sur une vie mais éventuellement ils (l'église) peuvent donner quelque chose".

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