Claudette Couturier, surnommée Nanou a été abusée par trois religieux alors qu'elle était enfant. Aujourd'hui, cette Vaudaise demande réparation à l'Église. Elle a été auditionnée par la Commission reconnaissance et réparation en faveur des victimes des violences sexuelles commises par des membres d'instituts religieux catholiques en France.
Nanou et sa soeur Hélène ont subi le même sort. Pendant leur enfance dans les années 1960 et 1970, les deux soeurs ont été abusées par des religieux, des pères maristes à Vaulx-en-Velin. Ces années de souffrance et d’omerta ont détruit leur vie. Aujourd’hui, Nanou demande réparation.
« Je ne pourrai jamais accepter le pardon des curés, ce n’est pas possible. Un dédommagement financier, bien sûr c’est évident. Toutes les victimes attendent ça. C’est humain. On nous a volé nos premières années, notre enfance. Moi j’ai treize ans de ma vie qui sont partis. Je n’ai pas su ce qu’était une enfance normale » témoigne cette Vaudaise de 65 ans.
216 000 à 330 000 victimes
Nanou figure parmi les victimes longuement entendues par les experts de la CIASE, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Dans son rapport le 5 octobre dernier, le président de la commission Jean-Marc Sauvé, comptabilisait 216 000 victimes d'abus sexuels par un membre du clergé depuis 1950. Le chiffre grimpait à 330 000 en comptant les victimes du personnel laïc.
Des instances de réparation
De la CIASE et du « rapport Sauvé », deux instances chargées des réparations pour les victimes sont nées. Celle que rencontre Nanou assiste les victimes abusées par des religieux issus de congrégations. Elle auditionne les victimes pour les guider vers le choix de reconnaissance et d’indemnisations.
« Notre rôle est d’agir en tant que médiateur. C’est-à-dire, qu’elle aura si elle le souhaite la capacité de discuter avec l’ordre qui a été en quelque sorte responsable des abus qui ont été commis à son encontre. Ça sera aussi avec cet ordre là qu’il faudra discuter très concrètement des procédures de réparation » explique Pierre Hazan, Commissaire au sein de la Commission reconnaissance et réparation en faveur des victimes des violences sexuelles commises par des membres d'instituts religieux catholiques en France.
Contactée, la fondation des pères maristes se dit prête à prendre en charge les frais médicaux des victimes et le préjudice moral lié aux abus sexuels des victimes et veut aller vite dans les procédures.
Une instance similaire travaille auprès de la Conférence des évêques pour les victimes des prêtres des diocèses. Celle-ci n’est toujours pas active et jette le doute sur sa détermination.
« Tout le monde voit bien qu’elle n’a en fait aucune intention réelle et profonde de procéder à cette réparation. On complique tout depuis le départ. On dit qu’il n’y a pas de lingots dans les caves. On triche, on ment, on cache, on complique, on négocie sur les termes » regrette François Devaux, co-fondateur de l'association de victimes La Parole Libérée.
Sylvie Cozzolino et Thierry Swiderski