Une cour d'appel iranienne a confirmé la peine de 8 ans et 8 mois de prison pour espionnage prononcée à l'encontre du lyonnais Benjamin Brière, détenu en Iran depuis plus de deux ans, a-t-on appris ce mardi 28 juin 2022 auprès de son avocat français Philippe Valent.
"C'est affligeant et dramatique, le sort de Benjamin est instrumentalisé", a indiqué l'avocat, en soulignant que cela "intervient au moment où reprennent les négociations sur le nucléaire".
Agé de 37 ans, Benjamin Brière a été condamné en janvier à 8 ans et 8 mois de prison pour "espionnage" et "propagande" contre le régime. Il avait fait appel.
Benjamin Brière, qui s'est toujours présenté comme un touriste, avait été arrêté en mai 2020 pour avoir pris "des photographies de zones interdites" avec un drone de loisir dans un parc naturel. La France a récemment jugé "inacceptable" sa condamnation.
"Nous demandons aux autorités françaises, américaines, britanniques, de faire de la libération des otages un préalable à la reprise des négociations" sur le nucléaire, a ajouté son avocat français.
Ce dernier a précisé que, selon la motivation de la décision, qui a été lue et lui a été traduite par l'avocat iranien, la cour d'appel aurait considéré que Benjamin Brière serait un "agent au service d'un Etat ennemi".
"Ce procès est une mascarade, la partie immergée d'un énorme enjeu qui nous dépasse", a pour sa part déclaré Blandine Brière, la sœur de Benjamin Brière.
Le reportage de S.Cozzolino et B.Metral
3 autres ressortissants Français détenus en Iran
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah a été condamnée en mai 2020 à 5 ans de prison pour atteintes à la sécurité nationale. Elle est aux arrêts domiciliaires depuis octobre 2020.
Deux autres Français ont été arrêtés en mai, accusés par Téhéran d'être "entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et déstabiliser la société" - des interpellations jugées "sans fondement" par Paris.
Les autorités iraniennes retiennent prisonniers plusieurs ressortissants étrangers pour des motifs jugés politiques par les pays occidentaux qui considèrent que Téhéran s'en sert comme moyens de pression dans les négociations sur le dossier très sensible du nucléaire iranien ou pour desserrer l'étau des sanctions internationales. Après des mois de blocage, les négociations sur le dossier nucléaire iranien reprennent, avec des pourparlers indirects entre Etats-Unis et Iran au Qatar.
Conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, l'accord sur le nucléaire iranien visait à garantir le caractère civil du programme de l'Iran, en échange de la levée des sanctions internationales. Mais les Etats-Unis de Donald Trump s'en sont retirés unilatéralement en 2018 et ont réimposé des sanctions, tandis que Téhéran s'est affranchi des obligations prévues par l'accord.