VIDÉO. PFAS. Des polluants éternels dans les sols et l'eau au sud de Lyon, selon une étude lancée par un collectif d'habitants et pilotée par un laboratoire canadien

Le résultat de nouvelles études a été présenté lors d'une conférence publique ce mercredi 18 décembre à Mions, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Lyon. Un état des lieux de la contamination aux PFAS dans l'agglomération Lyonnaise.

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"On essaie de faire un potager, pour avoir des légumes sans pesticides. Si c'est pour intoxiquer encore plus nos enfants avec nos propres légumes, c'est dommage", déplore Aurélien, un habitant de Mions, membre du collectif Ozon l'eau Saine, qui a participé à une vaste étude, dont les conclusions ont été rendues le 18 décembre.

200 prélèvements 

Des analyses ont déjà été menées sur les PFAS dans le département, mais ces deux dernières études sont d'une ampleur inédite. En avril dernier, un groupe d'habitants, le collectif Ozon l'eau Saine, organisait une grande campagne participative sur le territoire Lyonnais. Une centaine d'habitants ont réalisé plus de 200 prélèvements de sol sur près de 60 communes autour de Lyon. Des prélèvements effectués en surface. 47 échantillons d'eau ont également été analysés par un laboratoire canadien. Les scientifiques ont cherché la présence de 80 polluants éternels.

Les résultats de ces études ont été dévoilés ce mercredi 18 décembre, à Mions. Louis Delon, porte-parole du collectif et Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l'université de Montréal, ont dressé un état des lieux de la contamination des sols et de l'eau dans l’agglomération lyonnaise. 

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Le résultat de nouvelles études a été présenté lors d'une conférence publique ce mercredi 18 décembre à Mions, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Lyon. Un état des lieux de la contamination aux PFAS dans l'agglomération Lyonnaise. Reportage F.Bouyablane / S.Allec / C.Thomas - 19/12/24 ©France tv

PFAS peu absorbés par les végétaux

Près des usines Arkema et Daikin, à Oullins-Pierre-Bénite, la contamination aux polluants éternels est plus élevée. Une contamination dans un rayon de plusieurs kilomètres.

"On voit qu'il y a une zone centrale, autour de l'usine qui est plus contaminée aux PFAS sur quelques kilomètres. Indépendamment des vents, c'est une zone de 5 à 7 km qui est contaminée autour des usines. On voit aussi qu'il y a aussi une contamination qui s'étend dans un axe nord-sud, selon les vents dominants", explique le professeur Sébastien Sauvé. Si la contamination est moindre dans l'axe est-ouest, en revanche, les traces de contamination sur l'axe nord-sud s'étendent jusqu'à 20 ou 30 km. 

L'idée d'une étude des sols menée avec le collectif Ozon l'eau sain est née d'un constat, celui de la contamination des œufs autour de Lyon, explique le scientifique. "Les poules en mangeant à l'extérieur, qui se promènent au sol et qui en mangeant vont ingérer des particules du sol", résume Sébastien Sauvé.

Pour ce dernier, il faut cependant aller plus loin dans les investigations. 

La population autour de Lyon a une exposition plus grande aux PFAS. Ça vaut la peine de faire des études d'imprégnation, de voir combien de PFAS, les gens ont dans le sang.

Sébastien Sauvé

Professeur en chimie environnementale, université de Montréal

Des analyses de l'imprégnation aux PFAS qu'il faudrait aussi corréler avec les habitudes de vie des personnes exposées pour comprendre quels sont les facteurs d'exposition les plus importants, selon le scientifique. 

Autre constat : les PFAS sont retenus "assez fortement" dans le sol et peu absorbés par les végétaux, "par contre, ils sont très facilement bio accumulés par les animaux, par les humains et les poissons", assure le professeur en chimie environnementale. "Pour les potagers - sauf dans la zone proche des usines qui est beaucoup plus contaminée - je ne serais pas trop inquiet". 

Inquiétude autour des sites industriels

Sur la rive droite du Rhône, au sud de Lyon, la densité urbaine est incontestable. Pierre-Bénite et Oullins ont poussé en bordure de l'autoroute du soleil, à l'ombre d'un site chimique. Le stade du Brotillon offre d'ailleurs une vue imprenable sur l'usine Arkema. Une situation bien problématique depuis les révélations sur le scandale des PFAS. 

"J'ai vécu 20 ans à Pierre-Bénite. On allait au stade, on faisait du foot. On n'avait jamais entendu parler des perfluorés", explique un ancien Pierre-Bénitain. La contamination aux polluants éternels, il l'a découverte dans la presse. Ce dernier se dit aujourd'hui "inquiet", mais aussi "perdu" face aux dernières révélations des chiffres de la pollution. "On est inquiet pour la santé des habitants, pour la santé des enfants". 

Dans un périmètre proche du site industriel se trouvent aussi plusieurs écoles, élémentaires et maternelles. Les parents sont partagés entre sentiment d'impuissance et fatalisme. "Je trouve que l'école est proche du stade et de l'usine. Ma fille fait de l'athlétisme au stade toutes les fins de semaine", explique une maman. "On ne peut que subir les conséquences de la pollution et des rejets de l'usine. On est impuissant. Avec mon mari, on avait même songé à déménager. Mais économiquement, ce sont décisions difficiles à prendre. On fait avec. Maintenant que le mal est fait, qu'est-ce qu'on peut faire pour la santé de nos enfants ?", s'interroge-t-elle.

J'espère que l'usine va prendre conscience des dangers réels que représentent les PFAS et penser à la commune, aux personnes qui habitent autour, et faire des efforts.

Une habitante de Oullins-Pierre-Bénite

Pour beaucoup de riverains, c'est le sentiment d'abandon qui domine même s'ils saluent l'initiative du Collectif Ozon l'eau Saine. "On aimerait bien que la mairie, l'État, fasse quelque chose. Ça touche les enfants, les écoles, nos maisons. Où est la solution ? Qui peut nous écouter ?", se demande une autre riveraine.

"On a l'impression que rien ne bouge. Les choses sont sues depuis plusieurs années et rien n'avance. On a l'impression de ne pas être entendu. On est sur un quartier populaire, le problème n'est pas pris en compte", déplore une autre mère de famille à la sortie de l'école. 

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