Ce dimanche 17 avril, le Conseil des Mosquées du Rhône a appelé à faire barrage à l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle. Une initiative largement entendue par les fidèles musulmans.
'"Faire barrage à l’extrême droite". Voilà l’objectif de l’appel aux musulmans, formulé par le Conseil des Mosquées du Rhône dans un communiqué publié ce dimanche 17 avril.
Un communiqué qui fait suite à un premier appel, lancé le 10 avril dernier, pour inciter la communauté musulmane à aller voter au premier tour. "Jusqu’à présent, les musulmans votaient très peu parce qu’ils ne se sentaient pas informés ou parce qu’ils n’étaient pas informés", indique Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon et auteur des deux communiqués.
"La patrie est en danger"
Un appel qui semble avoir été entendu. "On l’a vu dans toutes les banlieues, là où la communauté musulmane réside. Elle est allée voter en force", constate Kamel Kabtane. "Les musulmans se sont sentis touchés dans ce qu’ils ont de plus cher : leur identité."
Pour le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, ce nouveau communiqué prend une autre dimension : "on veut nous priver des éléments essentiels qui font notre personnalité, notre culture et notre religion." Dans le même élan du 10 avril, Kamel Kabtane considère que "il faut que les musulmans prennent conscience que la patrie est en danger".
"Je suis né en France, j’ai grandi ici et je n’ai jamais vu ça"
Les fidèles, venus faire la prière de la mi-journée à la Grande Mosquée de Lyon, s’accordent sur une chose : "il faut aller voter". David, jeune musulman, en est convaincu : "Par le passé, on a déjà vu où peuvent nous mener les partis d’extrême droite, ce n’est pas ma conception de la République."
"C’est évident qu’il faut faire barrage, réagit Mohamed. Je ne comprends pas ce qu’elle fait au deuxième tour. Le score qu’elle a fait au premier tour, c’est hallucinant… Je suis né en France, j’ai grandi ici et je n’ai jamais vu ça." Taieb, un autre fidèle, partage ce constat : "J’entends des choses infernales qui ne devraient pas être dites dans un monde libre."
L'interdiction du port du voile au cœur des angoisses
Parmi les mesures du programme de Marine Le Pen qui inquiètent le plus les fidèles : l’interdiction du port du voile. Soundos, jeune femme musulmane, est directement visée par cette promesse de campagne. "Moi, je suis voilée, mes amies sont voilées. Qu’est-ce que ça veut dire pour la place des femmes voilées dans l’espace public ?", s’inquiète-t-elle.
"Là, elle dit qu’elle veut faire machine arrière… Même si elle veut nous faire penser qu’elle a changé, on n’est pas dupes. On est très inquiets..."
Soundos, jeune fidèle
"Pas forcément pour Emmanuel Macron. Mais contre Marine Le Pen"
Le 24 avril, Soundos ira faire barrage à l’extrême droite. "En tant que musulman, on est les premiers visés par la politique de Marine Le Pen. On n’a pas le choix de voter. Pas forcément pour Emmanuel Macron. Mais contre Marine Le Pen."
Pour beaucoup, voter pour le président sortant est un choix par défaut. "On aurait préféré Mélenchon, mais c’est comme ça, glisse Mohamed. Même si Macron, ce n’est pas mieux, on va faire avec."
"Soyons solidaires et respectons ce pays"
Kamel Kabtane, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, attend justement des actes du côté du président candidat.
"J’attends un certain nombre de déclarations, de signes du candidat Macron qui n’a pas encore répondu aux attentes de la communauté musulmane. Nous avons besoin d’être rassurés, nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone."
Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon
En attendant des réponses concrètes, le recteur veut porter un message de paix et d’union : "Les musulmans ne sont pas là pour islamiser la France, ils sont là pour vivre leur vie. Ils font partie intégrante de la société. Nous sommes Français. Moi je rêve qu’on dise un jour : «musulmans, on vous aime». Ne désespérons pas. Soyons solidaires et respectons ce pays."