Le procès de Mgr Barbarin a débuté lundi matin pour trois jours devant le tribunal correctionnel de Lyon. Il est cité à comparaître avec cinq autres prévenus dont deux évêques,membres de son ancien cabinet, pour "non dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs" dans l'affaire Preynat.
Le procès du cardinal Barbarin et de cinq anciens membres de son cabinet a débuté lundi matin devant le tribunal correctionnel de Lyon. Ils sont cités à comparaître directement pour "non dénonciation d'agression sexuelle sur mineurs" par les victimes du père Preynat, selon un dispositif spécifique du droit français. L'affaire a en effet été classée sans suite par le parquet de Lyon en août 2016. Mais les parties civiles ont décidé de passer outre . Elles optent pour une procédure de citation directe afin de dénoncer les silences coupables de l'Eglise.
1er temps fort : Au début de l'audience, les avocats de la défense interviennent tour à tour pour invoquer "une dérive procédurale". On peut entendre l'avocat de Pierre Durieux, l'ancien directeur de cabinet du cardinal Barbarin, s'étonner que cette action contre l'Eglise soit détournée et se transforme en action contre des individus: "Il s'agit d'une action citoyenne et pas d'une citation directe recevable". "Tout a été mélangé dans ce dossier. L'affaire Preynat est devenue l'affaire Barbarin" s'indigne à son tour l'avocat de Régine Maire. Ils réclament la nullité de la procédure. Leurs arguments sont rejetés par la Cour.
Les avocats des parties civiles justifient leur action en justice par le traumatisme des victimes. Elles n'ont pas pu se faire entendre quand elles ont été abusées dans leur jeunesse.
Le récit de Yaëlle Marie et Laure Crozat (Intervenants : 1) Alexandre Hezez-Dussot - La Parole libérée 2) Pierre 6Emmanule Germain-Thill -La Parole Libérée 3) Me Yves Souvayre , avocat de Stepahne Hoarau 4) Me Felix Luciani , avocat de Philippe Barbarin.
2ème temps fort : La tension monte d'un cran avec la comparution de Pierre Durieux, l'ancien directeur de cabinet du cardinal Barbarin . Il a été son homme de confiance de 2013 à 2017 et son directeur de la communication. Pierre Durieux refuse obstinément de répondre aux questions qui lui sont posées. Agacement dans la salle, étonnement de la présidente. Réponse laconique de l'intéressé : "La réponse tient dans le mot fidélité". "Vous voulez plutôt dire loyauté" corrige la présidente.
3ème temps fort : Au tour du cardinal d'être entendu par la Cour. Mgr Barbarin estime qu'il n'a pas à saisir la justice quand Alexandre Hezez -Dussot vient lui parler des agressions du père Preynat (NDLR : en novembre 2014). "A ce moment là, les faits sont prescrits et la victime elle-même affirme qu'elle ne peut plus rien faire".
Le cardinal questionne lui-même le père Preynat qui l'assure de son côté qu'il n'a plus agressé d'enfant depuis 1990. En définitive, le cardinal avertit Rome fin 2014. Le cardinal se retranche derrière la décision du Vatican d'écarter le prêtre progressivement. "J'ai fait ce qu'on m'a dit pour éviter le scandale (...) Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu d'erreur mais je ne vois pas de quoi je suis coupable". Le cardinal Barbarin campe sur ses positions, dans une logique d'obéissance absolue aux injonctions du St Siège.
L'analyse d'Alexandre Hezez-Dussot, victime du père Preynat après la première journée d'audience :
4 ème temps fort. La présidente lit un courrier édifiant des parents d'une des victimes du père Preynat. Il raconte, dès 1991, les actes de pédophilie subis par leur fils. Le document a été retrouvé sur le bureau du cardinal Barbarin en 2016.