L'écrivain italien Roberto Saviano est à Lyon dans le cadre de "Quais du Polar". Menacé de mort, escorté de plusieurs policiers, il a offert samedi une masterclass au public lyonnais. "Un acte de resistance" qui apparaît comme un défi adressé à la mafia, qui a promis de l'éliminer.
L'écrivain italien anti-mafia Roberto Saviano est l'un des invités vedettes de "Quais du polar". Arrivé hier à Lyon sous bonne garde, il a défié ceux qui dans la mafia, le menacent de mort. Il a accordé samedi matin une master-class au public lyonnais, venu très nombreux l'écouter.
700 personnes munies d'invitations dûment contrôlées et fouillées à l'entrée pour sécuriser l'événement. "Le simple fait d'être ici, c'est un acte de résistance", a-t-il ajouté, encadré par plusieurs policiers français, face au public du festival, qui l'a remercié de s'exposer ainsi par une standing ovation.
#QuaisduPolar ? Standing ovation pour @robertosaviano à @QuaisPolar suite à sa conférence sur le thème « Résister à la mafia et à la corruption ».
— Gallimard (@Gallimard) 30 mars 2019
« Le simple fait d’être ici est un acte de résistance. » pic.twitter.com/98nqVQLbca
"Il faut résister, continuer et lire". L'homme, a présenté son deuxième roman "Baisers féroces", qui sortira le 4 avril chez Gallimard. La suite de son succès "Piranhas" , dont il présentera samedi soir l'adaptation cinematograhique au cinema Comedia, toujours à Lyon. Saviano en est le co-scénariste.
Une vie de clandestin
Depuis la publication de son premier livre "Gomorra" en 2006 où il dénoncait les agissements mafieux , Roberto Saviano vit quelque part dans le monde et dans la plus totale clandestinité. Et lorsqu'il se déplace, il est toujours entouré d'une forte escorte policière.
En Italie, Matteo Ssalvini le ministre de l'intérieur a menacé de lui retirer son escorte parce qu'il l'a qualifié de "ministre de la mauvaise vie". Il est poursuivi à ce titre pour diffamation par celui qui est aussi le patron de la Ligue, mouvement d'extrême droite. Dans l'Italie de Matteo Salvini, il est accusé de salir la réputation de Naples : "On me traite de plus en plus de traître à la patrie. Cela fait de moi une cible" explique Roberto Saviano .
Dans son livre à paraître, "Baisers féroces", le journaliste écrivain poursuit son immersion dans la société secrète des "baby gangs" napolitains, ces ados impliqués dans le trafic de droque et qui tuent dès leur plus jeune âge. En jean, veste et basket, il raconte ce phénomène et les preuves qu'il a pu recueillir auprès de ces assassins précoces, pour qui la vie ne compte pas.
"Nous, on tuait tous les jours et tu n'en racontes que la moitié !", lui ont reproché les "bébés gangsters" rencontrés en prison. Ceux qui étaient encore en vie pour en témoigner . "Ils me traitaient de "looser" pour être encore de ce monde à près de 40 ans. "Tuer, tout rafler et mourir jeune, c'était ça leur horizon", résume-t-il ...
Le reportage de Julien Sauvadon, Jean-Christophe Adde, et Benjamin Metral :