Quand Mai 68 bascula à Lyon : la mort du commissaire Lacroix

Le 25 mai 1968, le journal télévisé de l'ORTF montrait un camion encastré dans un lampadaire à Lyon. L'image, muette, marqua un tournant des "événements": le décès du commissaire de police René Lacroix, premier mort de Mai 68 en France. 

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La date marquante de Mai 68 à Lyon, c'est celle de la nuit du 24 au 25 mai qui a vu la mort d'un commissaire de police pendant une nuit de violences, d'émeutes et de barricades. Le pont Lafayette a été le théâtre des principaux affrontements entre CRS, gardes mobiles et manifestants qui voulaient prendre d'assaut la préfecture.
Selon la version des autorités, cette nuit du 24 au 25 mai, le commissaire René Lacroix, 51 ans, est mort renversé par un camion. Le véhicule est retrouvé au petit matin, encastré dans lampadaire, sur le pont Lafayette. Le camion fou aurait été lancé par des manifestants en direction des forces de l'ordre, sur un pont de la ville, lors de ces violents affrontements.


Au petit matin, après cette nuit de violences, la ville de Lyon se réveille saccagée. Et le bilan humain est lourd. Outre le policier décédé, on compte des centaines de blessés: 46 personnes dont dues être hospitalisées, dont une vingtaine parmi les forces de l'ordre. Une centaine d'arrestations a eu lieu. Ces événements ont entraîné un revirement important dans l'opinion publique nationale. Les étudiants ne faisant plus alors figures de victimes... 


Retour sur la tragique nuit du 24 mai 1968 à Lyon

A Lyon, la date marquante des "Evénements" est celle du 24 mai. Une nuit d'émeutes et la mort d'un commissaire de police. Retour en archives sur le jour où Lyon s'est enflammée... ©France 3 RA



Le 28 mai, la foule lyonnaise assista en masse aux obsèques du policier, filmée par l'ORTF. Des images qui montrent les bouquets de fleurs déposés au pied du lampadaire contre lequel le camion meurtrier a terminé sa course.

Mort du commissaire René Lacroix : rebondissement et coup de théâtre en 1970


En septembre 1970, Michel Raton et Marcel Munch ont comparu devant les assises du Rhône. Ils étaient accusés d'homicide volontaire sur agent de la force publique, pour avoir lancé le véhicule fatal à René Lacroix. Dans son compte-rendu de l'époque, l'AFP a rapporté qu'au deuxième jour, un juré a demandé si le commissaire "n'a pas pu être frappé d'une crise cardiaque avant d'être heurté". Avant le procès, l'hebdomadaire Témoignage Chrétien avait avancé l'hypothèse, qualifiée d'"ignominie" par l'avocat général.

La thèse de la crise cardiaque est pourtant étayée à la barre par un ancien interne de l'hôpital où la victime fut transportée. Selon lui, le policier, cardiaque comme en atteste un médicament retrouvé sur lui, est décédé d'un infarctus et l'effondrement de sa cage thoracique, constaté lors de l'autopsie, est dû à un ultime massage tenté pour le sauver, non à un choc avec le camion comme l'affirmaient les légistes. La cour a acquitté les deux accusés.

Une semaine après le procès de l'affaire, le Canard Enchaîné a jeté le trouble en révélant que le jour du drame, un deuxième Lacroix était mort à Lyon, renversé à mobylette par une voiture ; et en affirmant que les deux corps avaient été intervertis à la morgue, fortuitement ou à dessein, de quoi expliquer les désaccords entre médecins au procès. Dans "Libérez Raton!", l'auteur Jean Kergrist, témoin des événements de ce 24 mai 1968 sur le pont Lafayette, a remonté la piste de ce deuxième Lacroix. 
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