Réalisateur du film " 365 jours ", François Tourtet rompt le silence sur son enfance abusée

François est collégien quand sa route croise celle de Denis. Denis, c'est son prof de sport et Denis est pédophile. Quarante ans après les faits, le réalisateur raconte son enfance soustraite dans des silences coupables et sa construction d'homme. " 365 jours" de François Tourtet et Sandra Thévenet est un film intime, précieux et magistral. À voir. Absolument.

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Le dialogue, aussi pauvre soit-il, est réel. C'est un échange de pause clopes entre collègues. Le "Mmmm" dit peut-être la gêne ou la pudeur. Ou les deux à la fois parce que François on le connaît. C'est lui aussi un collègue. Un chef monteur, habitué à travailler les images des autres pour raconter les histoires des autres. François, c'est ce grand type, renfermé mais souriant, avec qui on aime prendre un café. 

Et depuis quelques semaines, François c'est l'auteur d'un film aussi beau que dérangeant. " 365 jours " ou 40 années de silence résumées en 52 minutes et 4 saisons.

Un ovni poétique pour raconter deux ans de terreur. Cette terreur que seul l'adulte peut imposer à un enfant. L'adulte c'est le prof de sport qui prend sous son aile, un garçon de 12 ans mal dans sa peau. Sous son aile et sous son emprise. Un prof qui a la confiance des parents, un prof auquel le jeune homme qu'est alors François ne dit rien. Tétanisé : " Je deviens prisonnier d'un secret "

Un déménagement mettra Denis physiquement à l'écart et laissera l'adolescent meurtri, enfoncé dans sa culpabilité : " J'ai 15 ans. J’avance les yeux baissés... Je dis que je vais bien mais dans le secret de ma chambre, je colle une croix gammée au mur ".

En 1994, François a 27 ans. L'âge qu'avait son agresseur au moment des faits. 

François s'accroche, " se raccroche à l'extérieur pour ne pas tomber ". Il a des rêves de cinéma. Il filme Paris, tous les jours, sans relâche pendant un an. Des bobines, 72, qu'il range soigneusement dans des cartons. Elles y resteront 40 ans. À la faveur d'une histoire d'amour les bobines sont exhumées et visionnées pour la première fois. Et le film, si souvent pensé, devient nécessité. 

Sur mon silence, je greffais des images... Prendre la parole c'est ne plus être une victime

François Tourtet, auteur-réalisateur

Quand je demande à François pourquoi avoir attendu aussi longtemps, il me répond : " Je ne me sentais pas légitime à porter une voix. Je ne m'autorisais pas... Sans le soutien de Sandra (Sandra Thévenet, coréalisatrice), je ne serai peut-être pas arrivé à prendre la plume. Le film c'est la puissance de la parole. Et prendre la parole, c'est ne plus être une victime."

Quand Sandra découvre les images, en même temps que François, elle me dit en avoir vu : " le bouillonnement, la matière et l'histoire émergente. J'ai été poussée à me mettre dans ses baskets... Nous avons été portés par une belle énergie et deux vertiges, celui de la relation amoureuse et celui de la création." 

" 365 jours" est une déambulation dans l'intime et dans la résilience : " Aujourd'hui j'ai de l'ambition, je sais dire je t'aime, confie François. Je me sens plus léger. J’ai trouvé une liberté intérieure que je n'avais jamais connue. J'ai parlé. Je pense que chaque personne qui prend la parole en aide une autre à parler."

Le film est porté par des images Super8, une bande-son très travaillée et par la voix de François dans un récit à la première personne. Il raconte comment la perversion de ce prof de sport l'a empêché  "d'être" pendant 40 ans. Pas de pathos, ni de sentimentalisme dans l'écriture mais une douceur proche de la poésie qui ramène à une réalité : en France, on estime à 160 000 le nombre d'enfants victimes d'abus sexuels. 

" 365 jours " De François Tourtet et Sandra Thévenet, une production les films du Balabari/le point du jour avec la participation de francetv. À voir le jeudi 11 avril sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, à 22h55 dans la case documentaire la France en Vrai et déjà sur france.tv.

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