Corinne Morel Darleux est conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes, et secrétaire nationale à l’éco-socialisme du Parti de gauche. Elle dénonce dans une tribune, le manque d'initiatives de la Région pour lutter contre le réchauffement climatique, qui a pourtant lancé un plan environnement.
La conseillère régionale Corinne Morel Darleux (parti de Gauche) se dit en colère. Jointe par téléphone, elle dénonce dans une tribune le manque d'initiative de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, pour lutter notamment contre le réchauffement climatique.
J'ai l'impression qu'on ne vit pas sur la même planète, avec Laurent Wauquiez et sa majorité.
Elle critique le fait que les présidents et membres de plusieurs commissions n'ont pas conscience de la réalité, et des dangers, du réchauffement climatique.
38 millions d'euros pour les canons à neige
Membre de la commission Montagne à la Région, Corinne Morel Darleux dénonce:
"On a eu un nouvel écroulement au niveau de la vire du Trident dans le massif du Mont-Blanc, et ce n'est pas le premier. La commission montagne n'en a pas dit un mot. Il fait 28°! Ce sont des choses qui devraient frapper tout le monde. On ne fait rien! Rien ne se traduit dans nos politiques publiques. La réaction (de la région) n'est pas à la hauteur des enjeux. Aujourd'hui, le réchauffement climatique est factuel, ce n'est plus idéologique.
A chaque commission montagne, on a des rapports pour favoriser l'enneigement artificiel, sans voir que la température monte, ce qui empêche le fonctionnement des canons à neige! On équipe maintenant les stations de moyenne montagne. 38 millions d'euros ont été alloués, depuis le début du mandat, pour la neige artificielle en hiver. Aujourd'hui, tous les dossiers qui font une demande de financement, sont automatiquement acceptés par la commission."
La commission montagne aurait également décidé le remplacement d'anciens enneigeurs par des machines plus modernes, pour les stations alpines: des canons plus économes en eau, et en énergie. Une "gabegie" pour cette élue écologiste, qui dénonce une surconsommation d'énergie et d'eau, inutile et très coûteuse, déconnectée des enjeux actuels de lutte contre le réchauffement climatique.
Les viticulteurs frappés par la sécheresse
Membre également de la Commission Agriculture, Corinne Morel Darleux affirme que des viticulteurs sont venus témoigner de la sécheresse, qui attaque dorénavant même les vignes, notamment en Drôme-Ardèche. (Aujourd'hui 29 départements français sont en état de crise. Dans 60 départements, les prélèvements d'eau sont limités pour les particuliers et les exploitants.)
"Les viticulteurs nous disent, "ça ne va plus". On est directement touchés par la sécheresse. Il y a une succession d'aléas climatiques, le gel précoce, la grêle, la sécheresse. Les viticulteurs demandent des actes forts. Même la vigne manque d'eau. La seule réponse de la Région, ce sont des petites aides ponctuelles. On ne réfléchit pas à la source du problème, à la cause de tout cela."
La Région peut-elle faire plus?
"On manque de réaction" affirme l'élue. "Notre politique n'est pas à la hauteur des enjeux climatiques. On ne fait rien pour diversifier les cultures, les rendre moins gourmandes en eau ou plus résistantes. Les alertes se multiplient pour la disparition de la bio-diversité. Ce n'est pas un combat entre droite et gauche. Rien n'est fait pour réduire l'utilisation des intrants chimiques, ou aider à la conversion au bio. Ce n'est plus une divergence politique. On est au-delà de çà, c'est du non-sens citoyen. On n'investit rien pour réduire les gaz à effet de serre, ou même pour s'adapter au réchauffement climatique. Ca relève pourtant de l'intérêt général, de la santé de tous.
Et oui, lutter contre le réchauffement climatique est l'affaire de la Région. On pourrait avoir des initiatives pour réduire les gaz à effet de serre. L'Etat est défaillant pour lutter contre le réchauffement climatique. Les collectivités territoriales doivent faire plus."
Le plan Environnement de la Région s'élève à 200 millions d'euros
La Région a adopté en juin une stratégie de transition climatique autour de l’énergie, des déchets, de la qualité de l’air, de la biodiversité, assorti d’un plan d’investissement de 200 millions d’euros, piloté par le vice-président Eric Fournier, chargé de l'environnement.
La Région a prévu de consacrer 70 millions d'euros aux énergies renouvelables. Elle cible notamment la Méthanisation de la biomasse et des déchets, avec la mise en place de plus de 200 méthaniseurs en quatre ans et en soutenant l’installation de bornes Bio Gaz naturel. Elle affirme soutenir la production de bois énergie, le solaire photovoltaïque, thermique, hydroélectrique et hydrogène.
La Région a prévu de consacrer 35 millions d'euros pour diminuer la production de déchets de 12 % ; passer à un taux de valorisation des déchets de 54 à 70% mais aussi pour diminuer le taux d’enfouissement de résidus ultimes de 24 à 10 % et atteindre 100kg/hab/an contre 220kg/hab/an en 2015. A cet effet, elle va s’appuyer notamment sur l’économie circulaire et l’éco-conception.
La Région a identifié 9 zones prioritaires pour déployer son action en faveur d’une meilleure qualité de l’air. La vallée de l’Arve, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Valence, Chambéry, Annecy et le Grand Genève devraient profiter de mesures concrètes, avec un budget global de 45 millions d'euros. Elle annonce financer des véhicules décarbonés, alimenter un fonds pour le renouvellement des chauffages à bois des particuliers. Enfin, elle veut poursuivre son soutien au développement de la filière hydrogène (le projet ZEV).
La Région a prévu de consacrer 35 millions d'euros à la préservation de la bio-diversité. Elle entend notamment passer de 17 à 20 le nombre de territoires classés "Réserve Naturelle Régionale", entend reconquérir la nature ordinaire notamment en milieu urbain et va lancer un plan pollinisateur.
La Région annonce également mettre l’accent sur les efforts d’économies et de lutte contre le gaspillage d’eau tout en valorisant davantage les stratégies de partage, d’optimisation et de réutilisation de l’eau. Au total, les élus ont voté une enveloppe de 15 millions d'euros sur ces enjeux.