La réclusion criminelle à perpétuité a été requise vendredi 27 mai à Lyon contre Mikael Corcessin-Dervin, un ancien chanteur de cabaret de 41 ans. Il est jugé depuis le mardi 24 mai par la Cour d'assises du Rhône pour l'assassinat de sa compagne en juin 2018.
"Un homme qui a choisi de commettre un crime de sang-froid", c'est par ces mots que Marie-Charlotte Fiorio, avocate générale à la cour d'Assises du Rhône a décrit dans son réquisitoire Mikael Corcessin-Dervin, requérant contre lui la réclusion criminelle à perpétuité.
L'homme, un ancien chanteur de cabaret de 41 ans, est jugé depuis mardi par la Cour d'assises du Rhône pour l'assassinat de sa compagne en juin 2018.
Le 16 juin 2018 à Taluyers (Rhône), au sud de Lyon, il aurait tué Aline Sepret, une danseuse de 35 ans, et brûlé son corps. L'avocate générale, Marie-Charlotte Fiorio, a également assorti sa réquisition d'une peine de sûreté de vingt-deux ans à l'encontre de l'assassin présumé.
Des manoeuvres qui ne "collent pas" avec la thèse de l'accident
Durant l'audience, la magistrate s'est attachée à détailler les multiples manoeuvres de l'accusé le soir des faits, soulignant chez ce dernier une "détermination inquiétante" dans la commission de son geste.
Alors que le quadragénaire avait expliqué aux enquêteurs le décès de sa compagne par une chute accidentelle dans les escaliers de leur maison, l'avocate générale relève par exemple l'annulation de la visite d'un voisin chez lui le jour du féminicide présumé.
En outre, des analyses toxicologiques réalisées dans le cadre de l'enquête ont montré qu'un médicament avait été versé dans deux verres utilisés par la victime.
Anti-douleurs et fibres de tissus sur la victime
"Cette préparation visait à amoindrir les capacités de résistance de la victime", a estimé Mme Fiorio, précisant qu'une surdose de plus de 500 goutes d'Amitriptyline- un anti-douleur prescrit à l'accusé après un accident de voiture - avait été retrouvé dans le corps de la victime. La posologie de ce médicament, dont l'effet sédatif peut-être augmenté par l'alcool, se limite habituellement à 50 gouttes par jour.
Pour la magistrate, les bouts de tissus retrouvés dans la bouche et sur le cou de l'accusé accréditent la thèse d'un étranglement avec une ceinture avec introduction d'un morceau de tissu dans sa bouche "pour la faire taire". Selon elle, il aurait ensuite brûlé son corps "uniquement pour faire disparaître les preuves".
Une "blessure narcissique"
Mikael Corcessin-Dervin, qu'un accident de la route avait privé de sa voix et chez qui les experts avaient décelé une "blessure narcissique" présente encore "une dangerosité importante", a encore estimé Mme Fiorio. Pour elle, "l'experte psychiatre a exposé un risque criminologique s'il reste auto-centré". "Force est de constater qu'il n'a pas avancé d'un pouce", a-t-elle souligné.
Une tentative de meurtre un mois plus tôt ?
Plus tôt dans la matinée, le machiavélisme de l'accusé avait été évoqué par l'avocat de la famille de la jeune danseuse. "Vous aviez créé votre toile d'araignée et vous ne pouviez plus en sortir", a estimé Me Patrick Uzan pour qui Mikael Corcessin serait à l'origine d'une tentative de meurtre de sa compagne un mois avant sa disparition.
En mai 2018, la jeune femme s'était réveillée en pleine nuit la tête en sang. L'accusé avait affirmé qu'elle s'était blessée à cause d'une crise d'épilepsie. "Il est l'otage de ses simulacres, il pense que nous sommes inférieurs", a conclu Me Uzan.