La sortie du film de François Ozon, "Grâce à Dieu", sur l'affaire Preynat, va-t'elle être reportée ?

Le réalisateur François Ozon a été assigné en référé par l'avocat d'un prêtre lyonnais, le père Preynat, mis en examen pour agressions sexuelles. Il demande à la justice un report de la sortie de son film sur l'affaire, prévue le 20 février, avant le procès. 

Le réalisateur François Ozon a été assigné en référé par l'avocat du père Preynat, mis en examen pour agressions sexuelles, pour obtenir de la justice un report de la sortie du film "Grâce à Dieu", qui relate l'affaire. La sortie du film est prévue le 20 février, avant le procès. Le père Preynat est accusé d'actes de pédophilie, pour des faits commis entre 1986 et 1991.

Cette assignation intervient au lendemain de la mise en demeure du cinéaste par une femme, ancien membre du diocèse de Lyon, jugée récemment aux côtés du cardinal Barbarin pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, pour qu'il retire son nom du film.

Contacté par l'AFP, M. Ozon n'a pas souhaité réagir à cette assignation.

Le film raconte la naissance de l'association de victimes "La Parole Libérée", fondée par d'anciens scouts lyonnais ayant dénoncé les agissements du père Bernard Preynat, mis en examen en janvier 2016 et qui pourrait être jugé en fin d'année 2019.

Vendredi, l'un des avocats de père Preynat, Me Emmanuel Mercinier, a déposé un recours judiciaire contre François Ozon devant le tribunal de grande instance de Paris pour reporter la sortie du film. "Si aujourd'hui on commence à autoriser des films portant atteinte à la présomption d'innocence de personnes qui ne sont pas encore jugées, on ouvre une brèche extrêmement dangereuse", a-t-il affirmé à l'AFP.

En décembre, l'avocat lyonnais du prêtre, Me Frédéric Doyez, avait déjà demandé au réalisateur et à ses producteurs de reporter la sortie du film après le procès, afin de ne pas porter atteinte à la présomption d'innocence de son client. Faute d'avoir obtenu gain de cause, il a chargé Me Mercinier d'engager un recours.

"Il suffit de voir la bande-annonce, disponible en ligne, pour constater que le père Preynat apparaît à la 2e ou 3e seconde, qu'il est cité ou désigné à 13 reprises durant la première minute, et qu'il est présenté comme coupable des faits pour lesquels il est actuellement poursuivi. Or, la loi interdit de présenter comme établie la culpabilité d'une personne avant qu'elle soit jugée", argumente ce dernier.
 
La défense reproche aussi à la production du film de "surfer sur l'actualité judiciaire", alors que le tribunal correctionnel de Lyon doit rendre son délibéré, le 7 mars, dans le procès intenté au cardinal Philippe Barbarin pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements du père Preynat.

L'archevêque de Lyon a comparu début janvier avec cinq autres personnes dans cette affaire. L'une d'elles, l'ancienne bénévole du diocèse Régine Maire a de son côté mis en demeure François Ozon pour qu'il retire son nom du film.

Dans une interview accordée à La Nouvelle République, le cinéaste a défendu son film en expliquant qu'il allait le montrer à Régine Maire et assurant qu'il n'est "absolument pas à charge contre elle" et "n'aborde jamais sa vie privée". "Tout ce qui est dans le film repose sur des sources", a-t-il souligné.

 

Le film "Grâce à Dieu" de François Ozon
Dans le synopsis du long-métrage, Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour "libérer leur parole" sur ce qu’ils ont subi. Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

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