Les études montrent que depuis les années 60, les agriculteurs se suicident davantage. Les chiffres font état d'un suicide d'agriculteur tous les 2 jours en France, soit 180 personnes par an.
Selon la MSA, la sécurité sociale agricole, il existe 31 % de suicides en plus chez les agriculteurs que dans le reste de la population. C’est, d'ailleurs, l’une des principales causes de décès dans la profession.
Une tendance qui ne cesse de croître
Les suicides sont plus fréquents dans les petites exploitations, de moins de 50 hectares, et chez les agriculteurs qui travaillent seuls, en individuel.
On sait aussi que la filière la plus touchée est celle de l’élevage bovin, que ce soit pour la production laitière ou celle de la viande.
Les agriculteurs ont le sentiment de travailler énormément pour un très faible salaire.
Un ensemble de facteurs qui s'ajoutent aux contraintes économiques, les agriculteurs sont en effet soumis aux prix du marché, aux contraintes environnementales et climatiques.
Les dettes qui s'accumulent peuvent conduire à la dépression.
Ne pas les laisser seuls en détresse
L'association Solidarité paysans accompagne et défend les familles en difficulté. Pierre Thiry en est le président en Rhône-Alpes, il témoigne. "Nous recevons beaucoup plus d’appels d'agriculteurs en détresse. Il n’y a pas de portrait-robot des personnes qui appellent, chaque appel est unique. Les causes sont très variées : économiques, relationnelles", explique-t-il.
En cas d'appel d'un agriculteur en grande détresse, il préconise d'écouter la personne, "et si on sent qu’il y a vraiment une urgence, on prend un rendez-vous qui se fera avec deux agriculteurs bénévoles de notre association, une salariée et la personne qui a appelé."
C’est la spécificité de cette association : des agriculteurs viennent en soutien à d’autres agriculteurs. "Tout ceci se fait dans la confidentialité, la bienveillance, évidemment. Nous ne portons aucun jugement sur les agriculteurs", assure le président de l'association.
"Au fil de l’accompagnement, précise-t-il, on s’aperçoit souvent que la question qui nous est posée au départ n’était pas la question principale de l'appel. Le plus important, c’est que les agriculteurs appellent, qu’ils ne restent pas seuls avec leurs problèmes."
Un accompagnement multiple
Là encore, c’est varié, explique Pierre Thiry. "S'il s'agit d'un problème financier, on regarde comment on peut améliorer la situation, ça peut se conclure avec un rendez-vous à la banque. Nous demandons le plus souvent possible à pouvoir participer à ce rendez-vous juste pour que la conversation avec le banquier soit la plus fluide possible."
Nous sommes là pour aider les gens à se relever.
Pierre ThiryPrésident de Solidarité Paysans Rhône-Alpes
"Notre préoccupation principale, ce sont les hommes avant tout. En revanche, c’est le paysan ou la paysanne qui doit trouver une solution par lui-même, dit-il. Parfois, il y a des choses qui nous paraissent évidentes, mais si la personne en face n’est pas en capacité de l’accepter, il ne le fera pas. Donc, on chemine à sa vitesse."
Donc là, ils ont quelqu’un avec qui les partager. Rien que cela, c'est un soulagement énorme." En Rhône-Alpes, dans 90 % des cas, les personnes qui font appel à l'association restent dans le métier. "C’est une fierté, claironne Pierre Thiry, cela signifie qu’ils restent sur le territoire, qu’ils vont faire vivre leur commune, etc. Les gens, plus particulièrement dans le milieu agricole, sont très seuls, très seuls avec leurs problèmes.