Docteur en physique nucléaire et vulgarisateur scientifique, Pierre Henriquet a pour spécialité de savoir rendre compréhensibles les phénomènes scientifiques les plus complexes. Il sait faire rêver ses interlocuteurs, en leur évoquant des réalités qui, bien souvent, les dépassent. Il est venu partager ses passions sur le plateau de "Vous êtes formidables"
Pierre Henriquet est né à Chambery, en Savoie « où j’ai chassé le dahu dans les montagnes pendant toute mon enfance » plaisante-t-il. En inaltérable pédagogue, il ne résiste pas à l’envie de nous expliquer ce que serait cet « animal mythique qui, parait-il, existe vraiment. Il a les deux pattes plus courtes d’un côté que de l’autre. Ce qui lui permet de pouvoir courir sur les pentes montagneuses. Du coup vous avez le dahu dextrogyre et le dahu lévogyre, en fonction du sens dans lequel l’un ou l’autre tourne. Et ils ne se reproduisent jamais, car sinon, leurs pattes seraient de même longueur. » Même pour les légendes, on a envie de faire confiance à ses connaissances.
Le nez sous les étoiles et devant la télé
Plus sérieusement, Pierre Henriquet doit probablement à cette enfance passée dans les Alpes son intérêt pour les astres. « On y a la chance d’avoir un ciel qui n’est pas pollué par la lumière. Les villes sont de plus en plus brillantes, à cause des éclairages publics notamment. C’est un problème croissant. En France, on trouve de moins en moins d’endroit réellement obscur. Si vous allez dans la Vanoise, au sommet des grands pics, vous retrouverez des cieux magnifiques. »
Son enfance a également été marquée par… les émissions de télévision. « J’ai toujours été fan des dessins animés que je regardais petit, comme Albator, le Capitaine Flam… J’ai suivi tous les héros qui partaient dans l’univers, vivre leurs aventures sur d’autres planètes. Evidemment, cela a modelé ce que je fais aujourd’hui. »
Des études de scientifique
Pierre revendique un parcours peu linéaire. Bac scientifique, puis une prépa aux grandes écoles en maths sup et maths spé, un diplôme universitaire d’astronomie et astrophysique avec, en parallèle, un poste de médiateur scientifique dans les Alpes maritimes. Puis il reprend les études pour devenir professeur de physique-chimie. Autant d’étapes qui traduisent un goût pour la transmission et la vulgarisation. « Je n’en avais pas forcément conscience à l’époque. Mais, lorsque j’y réfléchis aujourd’hui, je m’aperçois que, durant toute mon enfance, j’ai passé mon temps à essayer d’expliquer aux gens autour de moi les choses qui me passionnaient. Avec plus ou moins de succès, d’ailleurs…», s’amuse-t-il.
Un jour, il rencontre un professeur de physique nucléaire, qui l’incite à poursuivre des études plus longues dans la physique médicale. Après avoir passé sa thèse, il peine à trouver des financements pour poursuivre les recherches qui l’intéressent. « C’est vrai que c’est un problème récurrent. Sans compter que toutes les personnes qui finissent leur doctorat (les post-doc) rencontrent souvent des problèmes pour obtenir des postes fixes » tient à préciser notre interlocuteur « On peut enchaîner, parfois pendant 10 ou 20 ans, des petits postes de 6 mois ou un an, d’une université à l’autre, et c’est très compliqué. »
Puis il se retrouve à Vaulx-en-Velin, où il décroche un poste de médiateur scientifique au planétarium. Il y restera dix ans en tant que chargé de projet. « Ce travail auprès des enfants et du grand public m’a vraiment passionné. J’adore le contact avec le grand public. Emmener les gens sur la lune, sur d’autres planètes ou d’autres galaxies. Leur expliquer que la science n’est pas une matière figée dans des vieux livres poussiéreux, mais qu’elle se fait aujourd’hui. Que des découvertes tombent tous les jours… Allumer cette étincelle de passion dans les yeux des enfants… c’est une chose que j’aimerai toujours. »
Lutter contre les idées complotistes
Raconter, expliquer, vulgariser… rime de plus en plus souvent avec lutter contre le complotisme. Bon nombre de gens pensent fermement, par exemple, encore aujourd’hui, que la terre est plate, ou que l’homme n’a jamais mis les pieds sur la lune.
Pas de quoi désarmer Pierre Henriquet, qui sait comment appréhender ce genre de propos. « J’ai appris à évaluer si la personne qui me tient ces propos a réellement envie d’entendre mes arguments, ou, au contraire, de les rejeter quoi que je dise. Dans le deuxième cas, je ne perds pas mon temps. Mais si la personne a des doutes, on peut engager un échange. L’objectif n’étant pas forcément de convaincre l’autre, mais donner des arguments solides, qui lui permettront de faire son chemin. C’est un travail long, mais nécessaire. »
notre soleil va probablement disparaître, d’ici environ 5 milliards d’années. La question est de savoir si la Terre peut résister à cela
De son côté, il se passionne pour toutes les découvertes récentes et à venir. « En ce moment, en cosmologie, on apprend des choses étonnantes. On essaye de comprendre comment l’univers entier fonctionne, d’où il vient et comment il va évoluer. »
Il s’intéresse aussi aux exo planètes : « On a découvert que la première exo planète en 1995. Aujourd’hui, on en déniche des dizaines par mois ! Récemment, on en a identifié une autour d’un cadavre d’étoile. On s’est aperçu que les planètes peuvent résister à la mort de leurs étoiles. Ce qui est très important pour nous, car notre soleil va probablement disparaître, d’ici environ 5 milliards d’années. La question est de savoir si la Terre peut résister à cela. De l’observation des autres systèmes viendront les réponses. »
Candidat pour devenir astronaute
Aujourd’hui, Pierre Henriquet a décidé de se mettre à son propre compte. « Je propose des conférences, des rédactions d’articles scientifiques pour les magazines spécialisés. J’anime des tables rondes pour les institutions. Avec toujours le même objectif : avoir quelque chose à apprendre… »
Parmi ses références, Pierre salue le travail de Thomas Pesquet. « Il rend l’espace intéressant. Son objectif, c’est de faire de la recherche, d’aller là-haut, de s’entraîner, de se trouver dans des endroits les plus hostiles qui puissent exister pour le corps humain et d’y mener les recherches les plus pointues » s’enflamme Pierre, qui apprécie également les capacités de communiquant de l’astronaute. « Le rêve, la beauté des images est aussi un moyen d’amener les gens vers la culture scientifique. Il est très fort pour cela. »
Faire rêver les autres
C’est un des points communs entre les deux hommes. Sur son exemple, Pierre aimerait devenir lui aussi, astronaute. Aller faire des recherches dans l’espace. Il a donc posé sa candidature auprès de l’agence spatiale européenne. Il estime avoir « une chance raisonnable d’y parvenir. »
Il faut dire que les candidats sont nombreux. « Des dizaines de milliers de personnes ont candidaté. Un poste d’astronaute ne s’ouvre qu’environ tous les 10 ans. Pour moi, c’est la dernière occasion. Je ne sais pas si j’y arriverai mais cela ne coûte rien d’essayer. Il suffit d’envoyer un dossier et d’attendre. On verra bien où ça nous mène. »
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