A Jonage, près de Lyon, des salariés d'Eurotranspharma, première entreprise de transport de produits pharmaceutiques de France, sont en grève depuis le mercredi 10 juin, à l'appel d'une intersyndicale. Ils protestent contre le montant de la prime Covid proposée par leur direction.
Durant toute la période du confinement et de la crise sanitaire Coronavirus, ces salariés du groupe Eurotranspharma ont continué à franchir la porte des pharmacies et des hôpitaux pour effectuer les livraisons en masques et en médicaments.
Pas de prime de 1000 euros... des salariés désabusés
"On n'a pas exercé de droit de retrait, on était là durant toute la crise avec notre conscience professionnelle," explique l'un des chauffeurs en grève sur le site de Jonage, près de Lyon. "On a travaillé, on était content de le faire, d'aider nos concitoyens et de voir qu'on était utile pendant la crise," poursuit-il. "On a fait énormément de sacrifices et on a mis en danger notre vie, mais partout on nous remerciait chaleureusement", explique le père de famille. Et il ajoute, "c'était une très belle expérience". Mais aujourd'hui, ce salarié, qui a eu le sentiment d'être en "première ligne" lors de la crise, est amer et désabusé.
Il ne comprend pas pourquoi la direction de l'entreprise, poids lourds du transport pharmaceutique, a décidé de ne pas verser la prime de 1000 euros. Une prime considérée par les salariés comme une marque de reconnaissance récompensant leur investissement sans faille durant la crise Covid et le confinement. La direction n'accordera qu'une prime de 500 euros. La décision est vécue comme du "mépris" par les salariés du site de Lyon, majoritairement en grève.
"On ne demande pas grand-chose," assure Said Zeroual, représentant syndical CGT du site de Jonage.
Grève pour dénoncer "un manque de respect"
Ils sont chauffeurs, livreurs, préparateurs ou agents de quai... une partie des 400 employés de l'entreprise Eurotranspharma, premier transporteur français de produits de santé, ont entamé ce mercredi 10 juin un mouvement de grève illimité et reconductible pour réclamer le versement d'une prime Covid de 1000 euros.
Ce mouvement de grève touche différents sites du groupe en France. Dans un tract commun, tous les syndicats de l'entreprise (CGT, SAT, CFDT, CFTC, CFE-CGC) réclament "une reconnaissance financière forte pour l'ensemble des salariés qui s'est impliqué pendant cette crise sanitaire, par l'attribution d'une prime d'un montant de 1.000 euros". Les salariés en grève jugent le montant de la prime Covid que leur propose leur employeur - de 250 à 500 euros - insuffisante.
Aujourd'hui, avec cette grève, les salariés entendent dénoncer le "manque de respect" de la direction malgré leur mobilisation durant la crise sanitaire Covid.
Pas de chômage partiel, ni congés imposés...
A Jonage, huit des douze salariés du site sont en grève depuis mercredi matin, 5h. "Mais la plateforme n'est pas bloquée car la direction a fait appel à des sous-traitants," explique Said Zeroual, représentant syndical CGT. "On filtre et on ralentit la circulation des camions". Selon lui, la direction a décidé de camper sur ses positions au sujet de la prime de 1000 euros. L'entreprise va accorder 500 euros net aux salariés en agence (en contact avec le public et en contact avec les chauffeurs) et 250 euros net pour le personnel en télétravail et au siège.
Du côté de la direction, on comprend la déception mais on assure que l'entreprise a fait le choix "de mesures fortes" vis à vis du personnel mais "des mesures supportables pour la société" qui affiche une perte cumulée d'un million d'euros depuis le début d'année. Des mesures dont l'impact représente 300 000 euros pour la société.
"Le personnel a été fortement mobilisé pour assurer sa mission de santé publique pendant la crise," reconnaît Samuel Alouin, directeur général d'Eurotranspharma, contacté par téléphone. "Pendant le confinement, on a fait partie des gens qui ont travaillé et qui ont été essentiels au fonctionnement du pays."
Mais l'entreprise a également soutenu les salariés et mis en place des "mesures financières importantes" : "Nous n'avons pas eu recours au chômage partiel malgré la baisse d'activité en avril", indique le directeur général. Pas de recours non plus aux jours de congés imposés; enfin les salaires ont été maintenus pour les personnels placés en quarantaine pour cause de suspicion de Covid. La direction indique avoir reçu de nombreux messages de soutien et de satisfaction de la part des salariés non grèvistes. "Le but est de préserver la société et de maintenir l'emploi dans un secteur qui a beaucoup souffert durant la crise et qui n'a pas vraiment reçu d'aides," précise le directeur.
Concernant la protection de la santé des salariés, Samuel Alouin précise que les mesures barrières ont été appliquées, que du gel a été à disposition des salariés et que les chauffeurs ont eu à disposition un kit avec masque "dès les premières heures du confinement". Il convient cependant que les mesures de protection ont évolué "en fonction des préconisations du gouvernement" durant cette crise sanitaire.
Au niveau national, mercredi 10 juin, au pic de la grève, 90 % des employés étaient en grève selon les syndicats, seulement 15 %, selon la direction avec 5 des 18 sites de l'entreprise touchés par ce mouvement social. A ce jour (vendredi 12 juin), Samuel Alouin, directeur général de l'entreprise contacté par téléphone, évoque 10% de grévistes et trois sites concernés, dont le site de Jonage.
Eurotranspharma, dont le siège est à Clermont-Ferrand, assure le transport d'équipements, de produits de santé et de produits pharmaceutiques. L'entreprise assure la logistique et le transports dit "sous température dirigée".