Un prédateur sexuel condamné à un an de prison : la difficile question de la prescription dans les affaires d'agression de mineur

Laurent Moussière, 57 ans, a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt pour corruption de mineurs, par le tribunal correctionnel de Lyon. Un plaignant sur 7 a été reconnu comme victime pour des faits remontant à 20013, les autres étant trop ancien pour établir une culpabilité. La défense avait plaidé la prescription des faits pour demander la nullité de la procédure

À la barre, Alexio avait raconté l'emprise, les masturbations filmées en direct en échange de cadeaux envoyés par Laurent Moussière. De la même façon, l'ancien opérateur du Samu avait piégé 6 autres enfants, de 12 à 15 ans. Un seul a été reconnu comme victime pour des faits datant de 2013.

Pour corruption de mineur par moyens électroniques, le prévenu a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt.

"Il n'a pas fait de commentaire ni montré ses émotions. Il a été jugé coupable pour une victime", a précisé son avocat, Me Baptiste Bouillon. "On comprend tout l'enjeu derrière ce type de décision, mais ce qu'on constate, c'est que la juridiction a tenu compte de la règle de droit qui s'applique en matière de prescription", a-t-il ajouté. 

Une notion qui révolte Alexio, 30 ans aujourd'hui, et encore marqué par le mécanisme d'emprise dont il raconte avoir été l'objet pendant plusieurs années. 

"Un adulescent de 30 ans"

"Finalement, il a pu abimer des enfants, des familles... et il s'en sort très, très bien. Les faits sont prescrits d'accord, mais c'est trop facile. Il est bien reconnu coupable, mais les faits sont trop vieux donc c'est compliqué à comprendre pour moi, c'est la douche froide" commente Alexio. Les faits qu'il reproche à Laurent Moussière remontent à 2005. 

"On a plaidé sur la prescription, mais aussi sur la relaxe. Ce que disait monsieur Moussière c'est qu'il s'agissait d'un jeu de séduction mutuel" précise son avocat à l'issue de l'audience. 

"À l'époque, certes, il avait 30 ans, mais c'était un adulescent. C'était quelqu'un qui avait une mentalité d'un gamin de 15 ans. Attention, ça n'excuse pas ce qu'il a fait, mais ça permet de mieux comprendre ces amitiés qui ont duré plusieurs années." 

"Des prédateurs dans tous les téléphones" 

Me Jean Sannier, avocat d'Alexio, débouté par le tribunal, dénonce la notion de prescription des faits dans les affaires qui impliquent des agressions de mineurs. 

"La prescription empêche une fois encore la justice de passer. Il s'agit véritablement d'un fléau qu'il va falloir combattre de façon beaucoup plus active s'agissant de toutes les infractions commises contre les mineurs", estime-t-il.  

"Les prédateurs sont dans tous les foyers, dans tous les téléphones de tous les enfants et que la justice n'apporte pas de réponse à cette criminalité en développement, ça pose un vrai problème de société. Aujourd'hui, il va falloir qu'on ait une politique répressive très claire par rapport à ces délits commis sur internet."

Trois ans de prison ferme avaient été requis à l'encontre du quinquagénaire dans cette procédure.  

Il est par ailleurs mis en examen dans une instruction criminelle toujours en cours, portant sur près de 50 viols et agressions sexuelles présumés, également sur mineurs.

Le prévenu est déjà écroué depuis juin 2021 dans le cadre d'une instruction pour ces faits étalés sur une période de trente ans, de 1986 à 2016. Il est suspecté d'avoir attiré des mineurs à son domicile, en jouant de son image rassurante de secouriste à la Croix Rouge.

C'est dans le cadre de cette instruction judiciaire que le juge lyonnais avait découvert que le prévenu tenait un carnet avec de très nombreux noms et coordonnées de victimes corrompues sur internet. 

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