Un homme de 57 ans, en détention provisoire, est jugé ce lundi en correctionnelle pour "corruption de mineurs". C'est la première étape judiciaire pour cet ancien agent hospitalier, poursuivi par ailleurs pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Le parquet a requis 3 ans de prison ferme. L'une de ses victimes, 30 ans, raconte cette longue emprise.

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Laurent M. comparait ce lundi 13 mars devant le tribunal correctionnel de Lyon pour corruption de mineurs. Sept jeunes adultes accusent cet ancien agent hospitalier de les avoir incités à faire des vidéos à caractère sexuel alors qu'ils étaient mineurs.

Le prédateur les contactait via Skyblog, le blog lancé par la radio Skyrock, l'un des ancêtres des réseaux sociaux. La plateforme française a connu son heure de gloire auprès des adolescents à sa création en décembre 2002 et reste active.

C'est ce qui est arrivé à Alexio, 30 ans aujourd'hui, qui a accepté de témoigner. Il avait 12 ans lorsqu'il a été contacté par Laurent M. via cette plateforme de blogs.

"Je suis originaire d'une famille modeste de Roubaix", raconte Alexio. "Et j'étais fasciné par le métier de pompier. Il m'a dit qu'il était sapeur-pompier. Donc tout de suite j'ai accroché et on très vite basculé sur le réseau MSN sur lequel on peut se voir en direct via une web-cam.

Très vite il m'a parlé de tenue de pompier, de casque, qu'il y avait possibilité d'échange de  cadeaux si je lui montrais mes parties sexuelles. En attendant la réception du casque et pendant les semaines qui ont suivi,  j'ai toujours montré mon sexe puisque j'étais seul le soir sur ce réseau. C'est comme ça que ça a alimenté sans fin l'emprise."

"Emprise sans fin"

"A 12 ans on n'a pas la conscience (que ce n'est pas normal). Je l'ai eue beaucoup plus tard. En réalité j'étais sous l'emprise de cet homme. Pour lui il n'y avait pas de doute que j'étais un enfant puisque j'avais mis des photos de moi avec des pompiers sur mon blog. Mais ça ne lui a jamais posé de problèmes. Il disait qu'il aimait les jeunes gens. Et comme de mon côté je me cherchais, je pensais qu'on avait un lien. La relation a duré plusieurs années. Ca s'est arrêté parce que je grandissais, j'ai eu 15 ans, et je pense qu'il recherchait des garçons beaucoup plus jeunes".

J'ai aimé cet homme en fait car j'avais un manque paternel très jeune et ses mots me faisaient du bien, me rassuraient. Et c'est pour cela que j'ai alimenté ce lien.

Alexio, victime d'un pédophile poursuivi pour corruption de mineurs

Alexio va garder cette affaire pour lui, n'en parlera à personne jusqu'à cet appel de la gendarmerie. Là il comprend avec l'identité de son corrupteur présumé qui a été arrêté. Il comprend aussi qu'il va être auditionné : "Tout vous remonte à la surface et il n'y a pas de doute. Je ne l'ai pas toujours bien vécu. Et ça a été un soulagement de me dire qu'il y aura une fin un jour."

Alexio a tenu à témoigner à visage découvert. Il veut inciter les jeunes à se montrer très prudent sur les réseaux sociaux. Car c'est très facile pour ces prédateurs "d'attraper leurs proies".  Et il ajoute : "c'est une page de ma vie qui va se tourner aujourd'hui et c'est une souffrance que je vais pouvoir libérer. C'est pour cela que j'ai accepté de témoigner à visage découvert."

"A la frontière entre le droit et la morale"

Pour la défense, il faut se replonger dans le contexte de l'époque. Dans les années 2000, c'est l'émergence des réseaux sociaux.

Mon client n'est pas un prédateur. Ces jeunes étaient en recherche d'identité sexuelle à ce moment là. Ils se sont connectés pour des rencontres avec des adultes.

Clément Stievet, avocat de la défense

Le délit de corruption de mineur

Le délit de corruption de mineur a été précisé par la loi d'avril 2021. Le code pénal prévoit dans son article 227-22 des peines aggravées lorsque "le mineur a été mis en contact avec l'auteur des faits grâce à l'utilisation d'un réseau de communications électroniques". Le parquet vient de requérir 3 ans de prison avec suivi socio- judiciaire et inscription au fichier des délinquants sexuels. D'autre part, la procureure (qui parle - elle- "d'un prédateur") souhaite une interdiction définitive d'exercer toute profession (ou activité bénévole) auprès de jeunes. Le jugement a été mis en délibéré au 3 avril prochain.

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