Givors est la dernière des 11 villes concernées à refuser de déposer ses vitraux malgré les demandes des victimes. Son maire dit vouloir "dissocier l’œuvre de l’homme" et l'Association pour la Sauvegarde du site, qui l'a entièrement restauré, relève que les vitraux ne représentent pas d'enfants.
A l'exception d'un vitrail à l’église Saint-Côme-et-Saint-Damien de Caluire-et-Cuire, propriété de l’évêché et pour lequel les discussions sur son retrait doivent démarrer, il ne reste plus que deux vitraux signés Louis Ribes qui posent encore problème pour les victimes du prêtre pédophile : ceux de la chapelle de Saint-Martin de Cornas, un hameau de la commune de Givors.
"S’ils étaient offensants, il faudrait les retirer"
Le maire écologiste, Mohamed Boudjellaba, a décidé, en concertation avec l’association qui gère cette chapelle désacralisée, de ne pas déposer les œuvres. Malgré sa condamnation des agissements du prêtre précriminel, il estime qu'il faut dissocier l’œuvre de l’homme. Il ajoute que sur ces vitraux ne figurent pas de représentations d'enfants : "s’ils étaient offensants, je partagerais le point de vue de les faire retirer", explique-t-il.
Une position inacceptable pour Luc Gemet, violé par le père Ribes à l'âge de 8 ans. Le porte-parole du Collectif de victimes de Louis Ribes, se trouvait à Charly, jeudi soir, pour participer à une conférence de presse sur le retrait des vitraux de l'église locale. "A chaque fois que je vois les réalisations de Ribes", confie-t-il très ému, "je suis replongé dans tout ce que j'ai vécu : les viols, les abus... Je trouve ça insupportable que quelqu'un puisse encore voir ces vitraux, car moi je sais qu'il puisait son énergie dans ce qu'il nous faisait subir."
"La source d'inspiration, ce sont les abus sexuels"
A Charly, commune de la Métropole lyonnaise, après un an de réflexion, le maire est désormais convaincu de la nécessité de faire disparaitre les œuvres de l'artiste pédophile. Ce sont les témoignages des victimes qui lui ont permis d'évoluer. Pour Olivier Araujo, élu divers-droite, dans le cas des 11 vitraux de l'église Saint-Antoine, on ne peut distinguer l'artiste de l'homme : "La source d'inspiration de ces œuvres, ce sont les abus sexuels", explique-t-il en projetant les photos de deux vitraux représentant des enfants rassemblés autour d'un prêtre. "Quand on sait que ces moments de prière se terminaient en fait par une fellation, on ne peut plus hésiter", ajoute-t-il sans détour.
Pour rappel, le diocèse de Lyon a opté pour le retrait des œuvres dans les lieux de cultes qui lui appartiennent (postérieurs à 1905). Tableaux et vitraux ont été déposés en février 2022, c'est notamment le cas pour les églises de Grammond, dans la Loire (ville natale de Louis Ribes) et de Saint-Germain-au-Mont-d'Or. Les œuvres ont été rassemblées dans un local du diocèse, sans accès au public selon les vœux des victimes.