Journée d'action de magistrats, avocats et greffiers contre "une justice au rabais". A Lyon, un rassemblement a eu lieu devant le Palais de Justice, dans le 3e arrondissement. Ils parlent de leur souffrance au travail.
Audiences surchargées, délais "au-delà du raisonnable", jugements "non expliqués", insuffisance d'effectifs, outils informatiques peu performants voire obsolètes... la liste est loin d'être exhaustive. Ce mardi, syndicats et organisations de magistrats, d'avocats ou de conseillers d'insertion ont appelé à la mobilisation pour dénoncer "une justice au rabais". Un appel national mais surtout une action rare qui intervient un an après une retentissante tribune dévoilant le malaise de la justice.
A Lyon, magistrats, avocats et greffiers ont rallié le mouvement de grogne pour dénoncer des conditions de travail déplorables. Ce mardi, dans une salle d'audience du palais de justice de Lyon, tous les corps de métiers étaient présents et ont pris la parole à tour de rôle pour dénoncer une justice à bout de souffle.
Souffrance au travail
Il y a tout juste un an, une tribune signée par 3000 magistrats et publiée dans le Monde avait créé un électrochoc et alerté sur les conditions de travail d'une institution rongée par une "grave perte de sens". Ecrit après le suicide d'une jeune collègue, le texte a finalement été paraphé par près de 8000 magistrats, auditeurs de justice et greffiers.
Un an après, le monde de la justice ne semble plus craindre de parler de "souffrance au travail". Ce n'est plus un tabou. Lassitude, colère, tristesse, souffrance … les acteurs de la justice réunis ce mardi à Lyon se sentent dans une impasse et ils n'avaient pas de mots assez forts.
"Pendant longtemps on a défendu l'institution, dans notre culture de magistrat on est tenu à une forme de réserve (...) Ce cri d'alarme, il n'y a plus que ça. C'est aussi pour les justiciables qui ne comprennent plus cette justice : soit trop lente, soit expéditive", explique Véronique Drahi, déléguée régionale du syndicat de la magistrature.
Une situation qui ne peut être sans conséquences pour le justiciable. Laurence Angot-Michel, magistrat coordinateur du Tribunal pour enfants, ne cache pas non plus son malaise. "Au quotidien on essaie de taire notre souffrance au travail pour le service du justiciable. Dans un service comme le notre, on est confronté à une telle souffrance qu' il y a un sentiment de gêne à parler de notre propre souffrance au travail", explique-t-elle.
Malgré les promesses de recrutements du ministère, rien n'a changé depuis un an. Les audiences surchargées se terminent au petit matin, c'est toujours d'actualité. A l'occasion de cette journée de mobilisation, les dossiers non urgents ont été renvoyés. C'était un appel des syndicats à alléger les audiences pour dénoncer une charge de travail au-delà du raisonnable.