Une rétine artificielle pour recouvrer la vue, un espoir pour les personnes atteintes de DMLA

Martine, 72 ans, perçoit des formes pour la première fois depuis plus de 20 ans grâce à un implant rétinien. C'est la première Lyonnaise à avoir pu bénéficier de cette technologie.

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C'est une expérimentation qui va sans doute changer la vie de milliers de patients atteints de DMLA, la Dégénérescence Maculaire Liée à l'Age : une maladie très invalidante qui fait perdre peu à peu la vision centrale... Il est dorénavant possible d'implanter une rétine artificielle, une minuscule puce électronique qui pourrait leur permettre de retrouver une partie de leur vue.

Un défi chirurgical

L'opération est très délicate. Aux commandes pour cette première au sein des Hospices Civils de Lyon, le professeur Laurent Kodjikian, chef de service adjoint en ophtalmologie de l’hôpital de la Croix-Rousse. Il a dû décoller la rétine au fond de l'œil à l'endroit précis où est  placé l'implant rétinien, près de 400 micros récepteurs sur une puce d'à peine 2 mm sur 2. "Aller décoller la rétine très fine avec une spatule, je ne suis pas habitué à le faire. Injecter l'implant est un moment très difficile parce que l'injecteur est assez gros, assez courbé de différentes courbes". Pour fonctionner l'implant rétinien doit être placé sous la macula à l'endroit même où les cellules nerveuses sont détériorées à cause de la DMLA. "La macula fait quelques millimètres carrés, pas plus. Elle permet de focaliser et de voir l'image. C'est là qu'il y a le plus de photorécepteurs au niveau de la rétine" explique le chirurgien.  Difficulté supplémentaire, avec la DMLA atrophique, la rétine devient particulièrement fine, usée et se décolle très difficilement. 

Voir de nouveau après 20 ans de cécité

 Martine, 72 ans, est la patiente qui a donc été opérée pour cette première à Lyon. Ils sont, à ce jour, 11 dans le monde. L'opération a eu lieu fin septembre. Martine est atteinte par la forme atrophique (dite «sèche») de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) depuis l’âge de 49 ans.  Après une séance d'orthoptie, elle a pu percevoir de nouveau des formes. Equipée de lunettes spéciales, un faisceau va artificiellement stimuler son implant et générer des images, des formes qu'elle va voir... enfin ! "Je suis pleine d'espoir, j'y crois. Je voudrais qu'il y est plus de gens qui se portent volontaires pour faire des essais, pour que ça progresse vite". Il faut préciser que cette chirurgie reste expérimentale avec un certain nombre de risques.

L’acuité visuelle se mesure à partir de l’échelle ETDRS, le fameux tableau de lettres couramment utilisé dans les cabinets d’ophtalmologie. Depuis que la DMLA atrophique la ronge, Martine ne peut lire que 9 lettres ETDRS, quand une vision normale se situe autour de 85 lettres. «L’objectif de l’étude clinique consiste en un gain d’acuité d’au moins 10 lettres, au terme de la rééducation. C’est ambitieux, mais un tel résultat serait considérable, permettant aux patients de retrouver une certaine autonomie dans la vie quotidienne», souligne le professeur Laurent Kodjikian.  

Phase 1 - Rééduquer le cerveau

Les séances de rééducation post-opératoires sont obligatoires : il faut rééduquer le cerveau à ces nouveaux signaux électriques. "Il faut stimuler beaucoup et réapprendre à fixer droit devant ce qui n'était plus le cas. Il faut aussi apprendre à analyser ces influx lumineux parce que ce qui va être perçu n'aura pas la finesse de ce que voit un œil" explique Céline Tournier, orthoptiste au Centre Fidev. "Après une seule une séance, l'œil est mieux aligné mais ce n'est pas stable" constate-elle. 

L'expérimentation vient tout juste de commencer pour Martine. Il faudra au moins un an de séances de rééducation hebdomadaires pour voir si les résultats sont concluants. Martine est très motivée ce qui a fait d'elle une candidate idéale pour cette première lyonnaise mais trépigne pour recouvrer la vue et gagner en autonomie. "Au restaurant, je ne vois pas ce que j'ai dans mon assiette, ce sont les copines qui décident pour moi, c'est humiliant d'avoir toujours besoin de quelqu'un". La route sera longue et même si parfois le moral baisse un peu, Martine est pleine d'espoir et ne regrette pas d'avoir été volontaire pour cette opération. 

L'opération a été réalisée pour la première fois à Lyon. ©France Télévisions

Phase 2 - Une perception artificielle bionique

Après cette première phase de rééducation de la zone du fond d'œil qui n'était plus active, une seconde phase est prévue avec une paire de lunettes équipée d'une caméra.
En effet, la rétine artificielle est composée de trois éléments principaux :

  • un implant rétinien miniature sans fil
  • une paire de lunettes équipée d’une caméra et d’un projecteur
  • un processeur de poche connecté au projecteur

La caméra capte les scènes visuelles de l’environnement, le processeur traite et simplifie les images grâce à des algorithmes issus de l’intelligence artificielle. Les images simplifiées sont ensuite renvoyées vers les lunettes où le projecteur numérique miniaturisé projette les images traitées, via un faisceau infrarouge, sur l’implant équipé de récepteurs photovoltaïques. Ces récepteurs convertissent alors les informations optiques en stimulation électrique que les cellules nerveuses de la rétine interne fonctionnant toujours vont recevoir et transférer via le nerf optique au cerveau, déclenchant ainsi une perception visuelle.

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