Treize personnes suspectées de participer à un réseau de faussaires qui a établi plus de 60 000 pass sanitaires falsifiés ont été interpellées mardi et mercredi dans les régions lyonnaise et parisienne, selon des sources concordantes. Les identités numériques de 35 médecins de toute la France auraient été usurpées.
C'est un trafic de grande ampleur qui porte sur plusieurs dizaines de milliers de faux pass sanitaires. Tout a commencé avec la découverte d'un infirmier de la région d'Angers, victime d'un piratage de son compte professionnel. Ce sont au total treize personnes qui ont été interpellées dans l'agglomération lyonnaise et à Paris.
Compte professionnel piraté : un infirmier porte plainte
L'enquête concerne porte sur des faits d'escroquerie en bande organisée, blanchiment aggravé, atteinte à un système de traitement automatisé de données à caractère personnel en bande organisée. Elle est partie du signalement de l'ordre des infirmiers de la Loire et d'un médecin de la Caisse primaire d'assurance maladie. Des milliers de pass sanitaires ont été établis au nom d'un infirmier de la région d'Angers, lequel n'avait jamais effectué de vaccinations anti-Covid, a indiqué une source judiciaire, confirmant une information révélée par Le Monde. En réalisant que son compte professionnel avait été piraté, l'infirmier a déposé plainte à Angers.
Les investigations, confiées à la police judiciaire d'Angers, se sont orientées vers la région lyonnaise, entraînant la saisine de la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Lyon.
Huit interpellations à Lyon
Huit suspects ont été interpellés mercredi matin, 26 janvier 2022, dans la région lyonnaise. D'autres cas de comptes professionnels de médecins piratés ont motivé l'ouverture d'une autre information judiciaire à Paris, confiée aux gendarmes de la section des recherches de Poitiers et de l'unité d'investigation cyber de la gendarmerie. Cinq autres personnes ont été interpellées en région parisienne, selon la source judiciaire. Deux suspects apparaissent dans les deux enquêtes.
Trois de ces cinq mis en cause sont soupçonnés d'être des pirates informatiques, précise dans un communiqué la gendarmerie. Les autorités estiment à plus de 62 000 le nombre total de faux pass sanitaires créés. Âgés entre 22 et 29 ans, ces trois suspects auraient usurpé l'identité numérique de 35 médecins répartis sur l'ensemble du territoire national pour générer ces certificats de vaccination frauduleux ensuite revendus directement à leurs bénéficiaires ou au profit de complices faisant office de revendeurs, explique la gendarmerie.