Invité du festival Lumière, Benicio del Toro, environ 30 ans de carrière, a partagé un moment privilégié avec son public lundi 14 octobre. L'occasion pour l'acteur portoricain de revenir sur les grands moments de sa carrière, à l'affiche de "Traffic", "Che" ou encore "Usual Suspects".
Il n’est jamais passé à la réalisation et pourtant Benicio del Toro a désormais son nom sur le "Mur des cinéastes", Rue du Premier Film à Lyon.
“Oui oui, je sais. C’est normalement réservé aux réalisateurs. On m’a un peu coincé”, plaisante l’acteur portoricain, fidèle visiteur du Festival Lumière organisé cette année du 12 au 20 octobre à Lyon.
“Maintenant, je me sens un peu obligé de faire un film. Mais pourquoi pas. Même si j’ai un peu l’impression d’avoir fait l’affiche avant d’avoir fait le film”, renchérit l’homme âgé de 57 ans, à l’occasion de sa rencontre avec le public lyonnais, lundi 14 octobre, au cinéma Pathé de la place Bellecour.
“Une gueule de cinéma reconnaissable entre toutes”
Le festival Lumière représente beaucoup pour lui, "un honneur". Mais également pour les spectateurs qui au cours des 30 dernières années ont eu le plaisir de le suivre dans ses aventures !
Policier mexicain dans "Traffic", Che Guevara dans "Che", criminel notoire dans "Usual Suspects", Benicio del Toro a incarné de nombreux personnages... à la perfection au regard de son Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour son rôle dans "Traffic" (2000) et du prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes pour son rôle de Che Guevara dans "Che" (2008).
“Je l’ai découvert avec le "Che" et après j'ai enchaîné tous ses films. Je suis vraiment rentrée dans le cinéma grâce à lui”, explique une jeune femme, venue assister à la projection de "Las Vegas Parano". Âgée d’une vingtaine d’années, la spectatrice souligne d’ailleurs le caractère ironique de la situation : “ce n’est pas de ma génération, et tout le monde me le dit”.
Ironie du sort quand un peu plus loin dans la salle, une autre jeune femme avoue connaître l’acteur depuis peu, à cause d’un malentendu. “Je le connaissais de nom et je le confondais avec Guillermo Del Toro”, confesse-t-elle. Intriguée, elle s’intéresse aujourd’hui à la filmographie de l'acteur.
“C’est une gueule de cinéma, une gueule qui est reconnaissable entre toutes”, souligne un homme dans la salle du cinéma Pathé. “Que ça soit dans "Usual suspect" ou "Las vegas Parano", on le voit parmi les autres. Son regard, sa démarche, son style... c’est un tout”, ajoute-t-il, des étoiles dans les yeux à la vue de l’acteur.
Al Pacino, Robert de Niro, Steven Soderbergh, ... inspiré par les Grands
Un style que Benicio del Toro doit en partie à Steven Soderbergh, réalisateur de plusieurs productions dans lesquelles il a joué, à l’instar de "Traffic". “Il a mis beaucoup de moi dans ce film. Il m’a obligé à m’approprier le personnage et à faire entendre ma voix. J’ai toujours aimé faire des films comme celui-là, bien ancrés dans notre monde”, explique l’acteur portoricain.
Tout au long de sa carrière, Benicio del Toro s’est inspiré de nombreuses icônes du cinéma, Al Pacino, Robert de Niro, James Dean, Marlon Brando... et se souvient de ses débuts dans le milieu du cinéma :
J’ai eu une conversation avec Al Pacino quand je suis arrivée à Hollywood et que j’étudiais La Méthode. Chaque fois que j’allais à une audition, quand je disais aux casteurs que j’avais étudié La Méthode, ils me regardaient bizarrement, ils me disaient ‘vous avez besoin d’aide, peut-être que vous devez voir un psy’. Je me suis demandé ce qui n’allait pas, car tous les acteurs que j’admirais avaient tous étudiés avec cette méthode. Il m’a dit que quand il a commencé, il ne pouvait pas mettre sur son CV avec qui il avait étudié. Ça a été une lutte".
Benicio del ToroActeur porto-ricain invité d'honneur du festival Lumière à Lyon
Cette cinéphilie a “nourri son travail” a-t-il confié, "un peu comme lorsque j’utilise cette table. Je m’appuie dessus. Je mets soit un bras, soit les deux, soit tout mon corps”.
Le Festival Lumière, "comme un voyage dans le temps"
Vous souvenez-vous de votre première expérience dans un théâtre Monsieur Del Toro ? Vous souvenez-vous de vos débuts ? “Je me rappelle cette excitation quand les lumières de la salle se sont éteintes pour n’éclairer que la scène. Je me revois plein d'énergie, très excité, avec une seule envie, aller sur scène”, a-t-il répondu.
Aujourd’hui au Festival Lumière, il partage et redécouvre ce cinéma qui l’a tant inspiré. “Dans ce festival, on ravive la flamme du cinéma. J'ai présenté tout à l’heure "Le train sifflera trois fois" avec Gary Cooper, un film tourné dans les années 50 et la salle était pleine à craquer. La plupart des gens n’étaient même pas nés à l’époque. C’était merveilleux. Comme un voyage dans le temps”, conclut-il.