Après avoir investi le Musée des Tissus l'an dernier, la 3e édition du festival AiRT de Famille a envahi la Galerie des Terreaux, au cœur de la presqu'île de Lyon. Une exposition immersive qui réenchante un lieu fermé depuis plus de 30 ans. À voir jusqu'au 21 juin.
Désaffectée depuis 1991 et fermée pour raison de sécurité, la Galerie des Terreaux, ancienne galerie commerçante de Lyon, a été métamorphosée. Elle accueille durant deux mois une exposition immersive organisée dans le cadre de la 3ᵉ édition du festival AiRT de Famille. Sculptures, peintures, photographies, street art... Une trentaine d'artistes ont été sélectionnés pour participer à ce projet d'envergure en lien avec le devenir de l'ancienne galerie commerciale.
31 univers artistiques
"J'ai voulu illustrer la papote", résume Clément Billon, alias Kairos. Dans l'espace de quelques mètres carrés qui lui a été attribué, beaucoup de couleur, des saynètes, ses oiseaux emblématiques... et surtout des petits mots partout. Artiste peintre, il se décrit comme un "facilitateur graphique".
Il est l'un des artistes lyonnais invités à participer à cette exposition. Sa scénographie déborde d'énergie... et converse avec la scénographie voisine qui évoque l'univers quasi proustien des piscines municipales. Rien ne manque, ni les bruits ni l'odeur de chlore.
À l'emplacement des commerces d'antan, des œuvres d'art : à chaque alvéole, son univers singulier et poétique. Un véritable parcours artistique sur près de 1000 m². Un peu plus loin dans la galerie, c'est une autre jeune artiste renversante qui propose une scénographie poétique, à l'atmosphère un brin victorienne.
Autre artiste, autre univers. Charlène Planche propose un univers plutôt déstabilisant. "C'est une scénographie qui invite à entrer sur un extérieur pour regarder vers l'intérieur... une invitation vers un ailleurs". La jeune artiste photographe s'inscrit dans la lignée du courant surréaliste. "Dans mon travail, j'ai tendance à flouter les limites entre intérieur et extérieur, réel et imaginaire. Je voulais retranscrire cela dans ma scénographie", explique-t-elle.
Tremplin pour les artistes émergents
La galerie des Terreaux a été métamorphosée en une véritable ruche créative pour cette trentaine de jeunes talents lyonnais. Ces derniers ne sont cependant pas partis d'une page blanche. Ce sont plus de 400 objets qui ont été customisés et intégrés dans ces "tableaux en trois dimensions". À l'arrivée, des décors aussi surprenants que captivants.
"C'est une expérience unique de pouvoir découvrir la nouvelle scène artistique, de changer son regard sur les objets du quotidien et avoir une "bouffée d'art et de créativité qui fait du bien", explique Gaëlle Viegas, commissaire d'exposition du festival AiRT de Famille.
C'est grâce à l'incubateur artistique Omart que ces jeunes artistes s'épanouissent. Chaque année, le festival investi un lieu insolite autour du thème de l'upcycling, ou réemploi. La première édition s'était déroulée dans l'ancien siège de la Caisse d'épargne Part-Dieu. L'an dernier, c'est le Musée des Tissus qui a accueilli cet événement grand public. L'an dernier, l'exposition du festival a accueilli près de 29 000 visiteurs.
Futur temple du réemploi
"Ce festival artistique participatif d’économie circulaire" entre en résonance avec le devenir de la galerie des Terreaux. Après l'exposition, ce bâtiment emblématique de la place des Terreaux va connaître une nouvelle vie.
"Le projet à moyen terme, c'est d'en faire une cité des artisans réparateurs. On va confier le lieu à un acteur commercial qui va sélectionner des acteurs et structures autour de l'activité du réemploi et de la seconde vie des objets", explique Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon, délégué à la transition écologique et au patrimoine. Le projet, entre études et travaux, devrait voir le jour d'ici deux à trois ans, selon la ville de Lyon.